Pour la première fois Yannick Haenel viendra à Tanger dans le cadre d’une rencontre organisée par la librairie les Insolites qui se déroulera au Riad Mokhtar le vendredi 28 avril prochain à 19h.
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de lui, c’est normal. Les plateaux télé l’horripilent, l’exhibition médiatique aussi.
Principalement édité par Gallimard, il a remporté de nombreux prix littéraires.
Il prône l’intempérance, la folie douce, la grande superbe, il chante l’Italie, l’amour, la liberté des mots, l’inconstance, la désobéissance civile, la beauté sensuelle des femmes et des oeuvres d’art, les révolutions pacifiques et rafraîchissantes. Il n’aime rien moins que la mièvrerie, la soumission, le manque de fantaisie, l’immobilisme, la fin du sens dans le langage… C’est un des plus grands auteurs contemporains.
Nous avons joint Yannick Haenel pour lui poser quelques questions avant son arrivée à Tanger…
Propos recueillis par Paul Brichet
Quel est votre lien avec Tanger ? Est-ce la première fois ?
C’est la première fois. Mon lien avec Tanger est avant tout « culturel » et, hélas, exclusivement occidental (du moins pour le moment) : il est lié, pêle-mêle, à des rêveries liées aux ports, aux romans d’espionnage et au caractère cosmopolite d’une telle cité ; aux anecdotes concernant Burroughs et Kerouac ; à leurs « promenades prophétiques » dans cette ville, comme ils les appelaient ; aux photos de Beckett évoluant dans les rues de la ville en short, avec sa maigreur de héron ; au labyrinthe du Festin nu, que j’imagine fidèle au labyrinthe de la vieille ville ; aux nuits d’Only lovers left alive, le film de Jim Jarmusch. Bref, un lien aussi imaginaire que chargé !
Pourquoi venez-vous à Tanger et aux insolites ?
Parce que l’invitation de quelqu’un comme Stéphanie Gaou ne se refuse pas : j’ai senti tout de suite, rien qu’en allant sur son site, que sa librairie est un véritable lieu. Une « chambre à soi » qui serait en même temps un monde. Une ouverture.
De quoi allez-vous parler aux insolites ou de quoi avez-vous envie de parler ?
J’aime bien laisser être le temps et l’occasion, donc je ne sais pas. Et en même temps, je me dis que nous allons sans doute parler (je dis « nous » parce que je viens pour partager, dialoguer, écouter), nous allons parler forcément de la liberté, du sacré et du vide, qui sont pour moi trois approches de la poésie. Le vide qui est le contraire de la société, et nous fait respirer. Le sacré qui est le contraire de la religion, et nous éclaire chaque détail du monde. La liberté qui est le refus de la barbarie et de la connerie, et nous guide.
Après « Je cherche l’Italie » quel est votre nouveau projet littéraire ?
Je viens de finir un roman qui s’intitule « Tiens ferme ta couronne », il sortira en septembre.
Tanger pourrait-il vous inspirer ?
J’espère. Je vais en tout cas me laisser faire !
Vous sentez-vous proche du monde arabo-musulman ?
Oui, de son histoire et de sa poésie.
Voici ce qu’il écrit (en antipasti)…:
« Le bonheur est semblable aux nuits blanches, quand la fête est plus forte que le sommeil. On ne s’initie à rien d’autre qu’au fait de vivre. » extrait de « Je cherche l’Italie »
Cycle littéraire organisé par la librairie les insolites, le vendredi 28 avril 2017 à partir de 19h.
Au Riad MOKHTAR
31, rue de la Kasbah
Palacio Aharrar
Marshan (impasse du restaurant Marhaba Palace)
Tanger
| Entrée libre |
A propos de Yannick Haenel
Né en 1967, Yannick Haenel dresse un parcours d’exigence dans le paysage littéraire et intellectuel français. Co-fondateur de la revue « Ligne de risques » avec François Meyronnis, il publie depuis 20 ans des récits et des romans. Introduction à la mort française est une fable cynique sur les excès de la politique et la déperdition de sens dans l’écriture. Son roman Cercle publié en 2007 reçoit le Prix Décembre et le prix Roger Nimier. Pensionnaire de la Villa Médicis en 2008 et 2009, il reçoit le prix Interallié pour son livre Jan Karski. Depuis, il trace un sillon autour de l’écriture comme source d’émerveillement et de jeu et preuve de la liberté de l’écrivain. Ses livres, empreints de lyrisme, sont des odes au désir, aux femmes, à la marginalité, à l’insurrection, à la désobéissance. Son écriture se veut un hommage vibrant aux épiphanies, à la vigueur de l’Histoire, aux ruptures. Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2010, il a publié en 2015 « Je cherche l’Italie » (paru en folio en 2016), magnifique témoignage sur Florence et ses merveilles et le marasme politique que subit l’Italie à cause de la politique de Berlusconi au pouvoir pendant la rédaction du livre.
Avec Yannick Haenel, lire devient un acte autant de jubilation que de résistance, où plaisir érotique et fluidité d’écriture s’allient à profondeur, réflexion, geste de superbe.
« Parler, c’est faire en sorte que tout ce qui est mort devienne vivant, c’est rallumer le feu à partir de la cendre. » Yannick Haenel, in Jan Karski.