Après 20 ans d’abandon, la Villa Harris serait sauvée in extremis des mains des promoteurs qui lorgnaient sur les 9 ha de son fabuleux parc en bordure de mer. Elle appartient désormais à la Caisse de Dépôt et de Gestion et ferait l’objet d’une réhabilitation dans le cadre du plan Tanger Métropole. Ceci dit, les remparts n’ont pas été épargné par l’élargissement de la route… Qu’en sera t-il du reste?
Villa Harris, un vestige du Tanger International
La Villa Harris fut construite à la fin du XIXème siècle à Tanger, par Walter Burton Harris, journaliste du Times. De style hispanico-moresque, la villa est située au centre d’un domaine de 9 hectares où il cultive essences et plantes rares.
Walter Burton Harris sera témoin de l’entrée en vigueur du protectorat français et espagnol au Maroc en 1912.
Proche des sultans de l’époque, du cadi Raïssouni et du Roi Edouard VII, il rejoindra les services de renseignement de la marine britannique à la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918).
Harris publiera également plusieurs livres sur « le Maroc qui fut », mais aussi des récits de voyages dans le Tafilalet et sur la révolte rifaine des années 1920. Il a à son actif plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient ainsi que l’Asie du sud-est. Walter Harris a visité le Myanmar, l’ex-Birmanie, au début du XXème siècle.
Suite à une dette de jeu Harris cède sa maison au propriétaire du Casino Onfre Zapata qui transformera plus tard l’endroit en Casino-Parc, jusqu’à l’occupation de Tanger par les troupes espagnoles lors de la seconde guerre mondiale.
Dans les années 60, le domaine est racheté par le Club Méditerranée qui aménage un de ses villages de vacances autour de la Villa Harris. Il semble que ce soit vers l’an 2000 que le Club Med quitte Tanger, laissant le domaine intact et inhabité.
Aujourd’hui, près de 30 ans plus tard, la ville a rattrapée le quartier de Malabata, et le domaine de la Villa Harris est à l’abandon, sans entretien depuis peu de temps. L’ensemble du domaine –végétation et bâtiments- se dégrade rapidement.
Ce paradis perdu où le temps semble s’être arrêté, nous donne à la fois l’image ambivalente de l’impermanence et de l’éternité. La ruine est ici le témoin du temps qui passe.
Que dit la Caisse de Dépôt et de Gestion?
Pour l’instant la CDG n’a pas encore répondu à notre mail du 22 avril 2015 sur l’avenir de la Villa Harris puisqu’elle en est propriétaire. Vu l’état actuel de la Villa il est fort improbable qu’elle soit restaurée. Au mieux elle pourrait est être reconstruite à l’identique mais avec quel budget et dans quel but et par qui ? A quelle fin, touristique, culturelle? Il est clair que les 9 ha de parc pourrait être restauré et mis à la disposition des Tangérois et des touristes.
Le désastre patrimonial de la Villa Harris en images…
La vue mer n’existe plus. A la place de ces deux jolis petits palmiers se construit le nouveau Palais des Arts et de la Culture de Tanger vaste ensemble qui serait dirigé par l’artiste libanais Marcel Khalifé…
A suivre…
Paul Brichet