Le 19e Salon International de Tanger des livres et des arts intitulé « Femmes » se déroulera du 6 au 10 mai 2015 au Palais des Institutions italiennes de Tanger. Ce sera le dernier salon organisé par Alexandre Pajon qui quittera Tanger fin août.
Après Paris, Dusseldorf, Athènes, Toulouse, Alexandre Pajon, homme de culture et d’histoire, débarque à Tanger en 2011 pour succéder à Marie-Christine Vandoorne à la tête de l’Institut Français de Tanger. Pendant 4 ans, il réalisera, sans relâche, un travail intense et de grande qualité avec l’ambition permanente d’associer le rayonnement de la culture Française à celui du Maroc et à l’effervescence extravagante de Tanger. Son programme d’actions est composé avec maestria pour animer avec créativité et intérêt l’Institut Français, la Galerie Delacroix, la salle Beckett, la cinémathèque, la résidence d’artiste, l’espace Abdellah Gennoun, les manifestations extérieures comme le salon du livre dont il est commissaire. Tous les acteurs de la culture et des affaires de la région s’accordent sur l’excellent bilan d’Alexandre Pajon que beaucoup regretterons à Tanger.
« Un seul objectif n’est pas atteint : la reconstruction du bâtiment principal… Cela ne relève pas de moi. Mais tout a été rénové et mis en état pour au moins 10 ans… Les cours tournent rond. Nous nous autofinançons à 86%. Aujourd’hui cet institut, en activités de cours, équivaut à celui de Marrakech après ceux de Casablanca et de Rabat, mais est parmi les trois plus actifs du réseau de l’Institut français du Maroc sur le plan de la programmation culturelle -sur douze- avec une des plus fortes visibilités médiatiques. Nous suivons la progression de Tanger… » déclare Alexandre Pajon
Son action se situe toujours dans la dynamique des grands thèmes de l’actualité sociale et artistique: le langage, les avancées sociales, l’écriture, la musique, le numérique, la jeune scène artistique du Maroc, les révolutions arabes, l’Afrique et les Femmes… qui seront au coeur de cette nouvelle édition du salon International des livres et des arts de Tanger.
Alexandre Pajon quittera la ville du Détroit fin août pour Prague où il sera attaché culturel et directeur délégué de l’Institut français.
Son successeur arrivera le 1er septembre. « Un homme jeune (moins de 40 ans) mais à l’expérience de la gestion de centres culturels complexes en France. Il est déjà venu à Tanger en 2014 et viendra début juin pour des échanges préalables à sa prise de fonction. Je ne peux pas encore donner son nom. » précise Alexandre Pajon.
Bienvenue au nouveau Directeur, dont nous connaitrons bientôt le nom et bon vent à Alexandre pour Prague.
Voir l’article de Aïch Bengio sur l’itinéraire d’Alexandre Pajon: http://www.tanger-experience.com/?p=2094
Paul Brichet
FEMME, thème de l’édition 2015 du Salon International de Tanger des livres et des arts.
L’affirmation que l’ordre du monde n’est pas immuable et intangible est la marque de la modernité. Nos sociétés ne relèveraient pas de la volonté divine ou de la Nature mais de l’histoire. Cette affirmation de l’âge des Lumières autorise le refus des despotismes mais aussi celui de l’autorité masculine. Le processus de renversement de cet ordre patriarcal dans le monde occidental a été long et n’est pas achevé. Inutile d’en retracer ici la chronologie. Rappelons plutôt ici quelques représentations de la femme qui se sont succédées et superposées sur les scènes d’opéra et de théâtre et ont nourri nos imaginaires. Ces figures permettent d’ouvrir notre réflexion plus que des dates en nous confrontant aux archétypes dans une perspective artistique et non idéologique.
En 1805, Beethoven avait célébré, dans l’opéra Fidélio, une femme, Léonore, qui, par amour, avait bravé le tyran et libéré son mari d’une prison destinée à devenir sa tombe. Léonore incarnait la fidélité, le courage et la détermination au service de l’espoir. Que reste-t-il de cet idéal romantique ?
En 1935, Alban Berg avait mis en musique Lulu à partir du texte de Franck Wedekind. Cette femme fatale qui met en évidence, par la force de son désir, l’étroitesse de la société bourgeoise, tue et est assassinée. Lulu est d’une subversion esthétique et morale radicale.
En 1939, Bertold Brecht rédigea sa pièce Mère Courage jouée à Zurich en 1941, il s’inspira de la Guerre de Trente Ans pour mieux dénoncer l’aberration du conflit qui frappait alors le monde. Cette cantinière est féroce, elle supporte tout des horreurs de la guerre pour nourrir ses enfants mais les perd malgré tout.
Dans les trois textes est affirmée la force, l’énergie de femmes qui s’attaquent au tyran, à la figure du mâle et aussi à la société qu’ils ont façonnée et dominent.
Les années 60 firent apparaître d’autres héroïnes, noires, telles Myriam Makeba ou Nina Simone ou blanches, telles Joan Baez ou Janis Joplin qui portaient par le chant une parole contestataire. L’histoire des luttes féminines depuis le XIXème siècle entrait dans une nouvelle époque. En 1975, fidèle à l’air du temps Jean Ferrat chanta :
« Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l’avenir de l’homme »
Où en est-on des représentations des femmes et des figures de contestation ? Où en est aussi le projet des années 70 chanté par Ferrat ? Quarante ans plus tard les termes des combats féministes ont grandement été transformés, dans les pays du Nord, par des réflexions sur le genre et l’adjonction de nouvelles revendications. La question d’une identité féminine est elle même fortement débattue. Dans le même temps ces questionnements ont gagné le Sud.
Le Maroc est directement concerné par ces évolutions. Des lois ont été adoptées, des actions entreprises pour défendre la condition de la femme. La Moudawana, Code du statut personnel marocain, promulgué en 2004 en est une démonstration. Les efforts en matière d’éducation des filles et de leur accès au marché du travail en sont d’autres. Mais où en est-on vraiment ?
En 2015, à Tanger, nous souhaitons faire répondre nos invitées, des femmes en majorité, à ces interrogations.
Après un salon sur les Afriques qui a permis de constater combien les questions d’éducation, de santé, de développement économique et de démocratie sont liées au statut et au rôle des femmes, cette 19ème édition leur sera donc totalement dédiée. Les femmes d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs viendront nous faire partager ce qu’elles apportent au monde.
Du 6 au 10 mai 2015, le Salon investira de nouveau le décor somptueux du Palais des Institutions italiennes. Écrivains, artistes, philosophes et penseurs s’y retrouveront pour cinq journées de rencontres, d’échange et de réflexion.
Salon international, il accueillera des séquences arabophones, anglophones, hispanophones et en italien. Le partenariat avec les institutions culturelles, éducatives, universitaires marocaines, avec les collectivités territoriales et les grandes fondations sera complété par celui noué avec les ONG et les instituts culturels allemand, espagnol, italien et d’Europe centrale.
Projet de promotion du livre et de la lecture, le salon sera précédé et accompagné d’un travail pédagogique mené dans les établissements de l’Académie régionale de l’enseignement et de la formation et dans les établissements AEFE/OSUI : une caravane assurera la mise en place du concours régional du Plaisir de lire (en français et en arabe), la Gazette des petits gourmands du Maroc sera éditée pour et avec les écoles primaires.
La littérature bien sûr mais aussi le théâtre, la musique, les arts plastiques et le cinéma seront à l’honneur durant ce salon où réflexion et plaisirs de la rencontre et de l’expérience esthétique se conjugueront.
Alexandre Pajon
Directeur de l’Institut français de Tanger
Commissaire du Salon International de Tanger des livres et des arts