Les Rencontres photo de Tanger « Face à la mer » et l’Institut Français de Tanger propose jusqu’au 30 octobre 2022 sur les grilles du Consulat général de France une deuxième exposition de cinq photographes, avec la commissaire Elsa Seignol.

Cinq photographes sont à l’honneur sur les grilles du Consulat:

– Céline Croze, Alwagt
– Yasmine Hatimi, La chasse aux papillons
– Amine Houari, Territoires –  Lauréat de Face à la mer 2021
– Seif Kousmate, Waha
– Yzza Slaoui, à titre posthume, Sincerely Tendrara

Commissaire de l’exposition Elsa Seignol:

« If I have a camera in my hands, I’m happy. My travels take me to some of the world’s most incredible wild places and I’m honored to have the opportunity to capture and share them. Whether I’m there on assignment for top travel and nature magazines, or just exploring on my own, I try to bring back images that connect us to our planet.

In between trips, I teach photography and retouching classes in Los Angeles. I also sell prints of my personal work through the Belay Gallery, which organized my first solo show in 2017. Please contact them directly if you’re interested in acquiring one my pieces ».

Après le succès rencontré par la première édition en 2021 avec des photos de l’AFP sur la thématique du Covid, en 2022 les photos présentées sur les grilles du consulat sont un regard croisé entre 5 photographes sur la vie au Maroc saisie par le prisme social, climatique et écologique. Une large série d’oeuvres qui sont données à voir au public tangérois pour le sensibiliser sur ces problématiques en lien avec son quotidien. Les oeuvres sont exposées à la vue de toutes et tous, gratuitement, 24 h sur 24.

L’objectif de la prochaine édition de “Face à la mer” qui se déroulera en fin d’année 2022, du 28 novembre au 4 décembre, est de déclencher des discussions, de mettre en place des initiatives destinées à l’accompagnement de projets, de permettre la mobilité des œuvres et de soutenir des photographes indépendants dans leur parcours professionnel.

Cette action s’adresse à tous les photographes professionnels, émergents ou confirmés.

Le collectif souhaite également faire découvrir et soutenir des projets atypiques, de nouvelles formes d’écritures photographiques et des formats audacieux. L’ambition est de créer un espace d’échange entre professionnels de la photographie de part et d’autre de la Méditerranée et de lutter contre l’isolement des photographes.

A propos de ces cinq artistes et de leur travail.

Céline Croze

Céline Croze est née à Casablanca (Maroc) en 1982. Elle poursuit ses études en France où elle obtient un
Master en Art du Spectacle, puis se spécialise dans l’image à L’ESEC ainsi qu’à L’EICTV de Cuba.
Elle commence sa carrière en tant qu’assistante opérateur sur des longs métrages tels que « Ixcanul » de
Jayro Bustamante (Ours d’argent au Festival de Berlin 2015) ou « Las herederas » de Marcello Martinessi
(Ours d’argent Festival de Berlin 2018).
Parallèlement à son parcours dans le cinéma, Céline développe plusieurs projets photographiques et
vidéos. Elle participe alors aux workshops organisés par la galerie Void avec Antoine d’Agata, la maison
d’édition Akina et Kladvij Sluban.
Sensible aux fêlures que traverse notre société, Céline utilise les codes cinématographiques pour
transgresser le monde qui l’entoure, s’immiscer dans la faille de ceux qu’elle regarde.
Ses travaux ont été présentés aux Rencontres internationales de la photographie de Fès, au Billboard
Festival de Casablanca et d’Istanbul, à la Biennale de Marrakech et du Paraguay.
Au Festival de Kassel, au Tbilisi Festival en Georgie ainsi qu’à la villa Perochon de Niort.
En 2019 elle est Prix Révélation du festival Face à la mer et le Festival Map avec sa série « SQEVNV »
En 2020, elle est lauréate du prix Mentor pour son futur projet « Mala Madre ».
En 2021, elle est l’une des finalistes du prix HSBC avec  » SQEVNV ». Sélectionnée pour le Tremplin jeunes talents du festival Planches Contact de Deauville, sa série « Silence insolent » remporte le prix du public 2021.
En 2022, son livre SIEMPRE QUE sort aux Editions Lamaindonne et elle présentera sa première exposition personnelle à la galerie Sitdown en Juin.

Yasmine Hatimi

Yasmine Hatimi est une photographe marocaine qui vit et travaille à Casablanca. Après neuf ans passés à l’étranger pour étudier la direction de photo dans le cinéma et la photographie, elle revient au Maroc avec l’intention de redécouvrir son pays à travers son travail.
Yasmine Hatimi s’intéresse au souvenir, à la nostalgie, le passé et l’oubli. Ses réalisations sont le résultat d’une relation qu’elle noue avec l’espace dans lequel elle se trouve et évolue. Éternelle rêveuse, son oeuvre se situe entre mélancolie et poésie, et cherche à transmettre une atmosphère inspirée de son univers intérieur. Actuellement elle explore la masculinité, sujet qu’elle aborde en plusieurs chapitres; « Les nouveaux romantiques », « La chasse aux papillons » qu’elle réalise en résidence au Jardin Rouge à la fondation Montresso et « father & son ».
Yasmine Hatimi fait partie du collectif Koz fondé par quatre artistes visuels marocains travaillant sur des projets à long terme et partageant une passion pour la narration. Son travail a été exposé par des institutions et dans des manifestations culturelles telles que Photo España, le Festival photo Saint Germain, l’Alliance Francaise de Safi, Les rencontres d’Arles et le Musée Mohamed VI de Rabat.

Amine Houari

“Territoires” est un voyage dans un paysage marocain énigmatique, une exploration architecturale qui façonne les espaces périurbains marocains. En marge des villes et des zones rurales, les constructions prennent des allures et des formes mystérieuses, intrigantes, parfois même, surréalistes. Toutes cependant sont caractérisées par un désir sincère d’appartenance et d’ancrage au territoire local. Le dialogue qui nait entre ces constructions et leurs contextes nourrissent l’étroite relation qui existe entre l’individu et le territoire qui l’occupe. La majorité des constructions présentes dans ce travail sont destinées à devenir des logements, dans d’autres cas des locaux. Certaines encore sont des friches
abandonnées. Ces affectations sont généralement déterminées par la nature du lotissement, son cahier des charges, sa situation géographique, son importance à l’intérieur même du lotissement, et à la position de la parcelle. Les transformations de la société comme l’évolution des modes de vie et ceux de
production, la consommation, l’urbanisation, l’information, le rôle de l’Etat ont un impact direct sur l’évolution de production architecturale. Ils accompagnent les transformations techniques, économiques et sociales. L’influence d’une vision occidentale, empruntée ou non, perçu parfois comme l’unique perspective de l’avenir des sociétés en développement, joue également un rôle significatif. Cette série s’attache à identifier les forces de résistance aux visions un peu préfabriquées des approches occidentales et toute autre cause pouvant également influer cette dynamique. Au travers de ce projet, j’essaye de retranscrire cet émerveillement étrange et abstrait qu’évoque pour moi ce paysage: des scènes d‘allégories ouvertes et des interprétations lyriques. Cette forme d’abstraction permet de questionner le rapport au territoire : comment penser les nouvelles constructions dans un pays en pleine mutation ?

Seif Kousmate

Seif Kousmate (né en 1988, Essaouira), basé au Maroc. Cofondateur du collectif KOZ. Photographe autodidacte spécialisé dans les questions sociales, il a développé un langage visuel qui se situe entre la photographie documentaire et la photographie poétique. Après une carrière de chef de projet dans le secteur du génie civil, il s’est consacré professionnellement à la photographie en 2016. Depuis lors, il travaille sur la thématique de la marginalisation dans nos sociétés, et comment certains groupes se retrouvent marginalisés. Il s’intéresse alors à différentes thématiques en Afrique tels que la migration, la jeunesse, l’esclavage, le réchauffement climatique… Seif Kousmate a été sélectionné par World Press Photo comme 6×6 Global Talent 2020 et il est l’un des bénéficiaires du programme ADPP (Arab Documentary Photography Program) en partenariat avec Magnum Fondation et Prince Claus Fund.  Il fait partie des Foam Talents en 2022 et son projet « Waha » est présélectionné pour le Prix Roederer aux Rencontres d’Arles. Son travail a été exposé en USA, Europe et en Afrique ; il collabore avec des magazines et journaux internationaux tels que Le Monde, The New York Times, Newsweek, Libération, The Guardian, El Pais, NZZ entre autres.

« WAHA واحة » (oasis en arabe), c’est un essai photographique qui explore les conséquences du changement climatique et de l’exode rural sur l’écosystème des oasis au Maroc. « WAHA واحة » va au-delà des problèmes auxquels les oasis marocaines sont confrontées ; c’est aussi une tentative de documenter la vie, le patrimoine et les siècles d’histoire de ces terres millénaires. Avec cette série j’espère mettre en lumière la détérioration rapide de ces écosystèmes et contribuer aux efforts de sauvegarde de ces environnements uniques. Comment sortir de l’image d’épinal de l’oasis, tel un eden? Comment restituer par l’image, la réalité de la détérioration de ces lieux ? J’ai donc souhaité explorer de nouveaux procédés d’image dont des collages, écritures et expérimentations artificielles pour tisser la métaphore. Ma série photographique implique des éléments externes organiques (ex: dattes sèches, les peaux mortes des palmiers, ou encore la terre) intimement liés à l’espace que j’ai choisi de photographier. Aux photos se sont progressivement, et de manière expérimentale, ajoutées des strates contextuelles faisant de ma série photographique, WAHA, un travail à la fois documentaire et conceptuel offrant ainsi  un aller-retour entre la réalité du présent et la détérioration à venir. Par l’usage d’éléments provenant directement des oasis et de ses habitants (poèmes, citations, collages…), j’essaie de rendre compte, de façon personnelle, de l’état actuel et à venir de l’oasis. A travers cet ajout figuratif qui renvoie directement vers la nature des oasis photographiées, je tente d’approcher mon sujet de manière plus sensorielle. « WAHA واحة » se veut une archive à naître. Par l’ensemble de ces procédés, je mets en scène un certain état des lieux; celui d’une végétation qui se dégrade, d’une nappe phréatique qui s’assèche, et d’une population qui a perdu espoir en l’avenir. Une métaphore du sort futur réservé aux oasis.

 Yzza Slaoui

Yzza Slaoui était une photographe documentaire marocaine basée entre Londres et Casablanca.

Par son travail, elle visait à avoir un impact social.  Son travail portait essentiellement sur les conflits, les femmes et la crise climatique.  Elle avait récemment terminé une maîtrise en ethnographie et réalisation de films documentaires à l’UCL.  Elle s’était rendue en première ligne de la crise climatique pour documenter le coût humain de la dégradation environnementale.  Elle était membre de Women Photograph et mentorée d’une agence autochtone.

Prix Révélation 2022 “Face à la mer” pour sa série “Sincerely Tendrara”

À la mémoire d’Yzza Slaoui (1993-2021)

La jeune photographe marocaine Yzza Slaoui est décédée, le lundi 29 novembre 2021, dans un accident de la route sur son chemin vers la commune de Matarka (province de Figuig). La mort de l’artiste qui vivait entre le Maroc et l’Angleterre a endeuillé le milieu de la photographie, au sein duquel la défunte s’était distinguée par son approche documentaire et humaniste. Elle était d’ailleurs en route pour soutenir des associations s’intéressant aux femmes du monde rural dans la province et transportait avec elle des aides en nature, selon des informations de son entourage. Le mois dernier, elle venait d’être sélectionnée pour les rencontres photographiques de Tanger «Face à la mer», tenues du 24 au 27 novembre 21.

  Consulat de France de Tanger, Elsa Seignol, Face à la mer