Si nous suivons le cheminement de son regard, Christian Goetghebeur nous invite à décrypter la ville de Tanger dans ses déambulations.
Il capte des traces de vies estompées, des écritures gravées qui redonnent sens à une histoire ; à des civilisations passées dont Tanger est la résultante.
Comme des palimpsestes, ses murs content mille et une histoires, dialoguent entre les décors et les formes architecturales.
Ici et là, l’artiste nous balade et plus que cela ; il nous fait voyager dans des univers inattendus et quelquefois insolites. Comme par magie, Il transforme une scène banale en une allégorie visuelle, et transforme l’ordinaire en singulier.
Passant des terrasses de la médina à une façade moderniste décrépie, son regard magnifie la surface rugueuse de la pierre ou de la brique.
D’un immeuble art-déco éventré, aux ruines d’une maison mauresque blanchies et estompées, son oeil scrute les formes et les textures esthétisantes, révélées par les lumières entourant le sujet.
Des lignes de fuite légères et sublimes sont associées à une construction en pierre brute et massive.
Une lanterne hyperbolique portée en médaillon entre deux immeubles côtoie un téléphone aux formes cubiques qui nous transportent dans un décor cinématographique.
D’arrondis en aplats, de courbes en brisés, l’artiste nous introduit dans une géométrie de formes singulières et de couleurs propres à la ville de Tanger.
Certaines fois son regard se montre intrusif, en cernant de près ou de loin, l’âme des lieux, il dévoile une certaine suggestibilité des formes qui s’offre à l’avidité de son objectif.
Laissons-nous guider émotionnellement par l’artiste dans son voyage et cédons progressivement la place à un total émerveillement des sens.
Christian Goetghebeur, avec sa sensibilité, harmonise les ensembles de maisons en briques, aux murs rouges et aux faux airs de favélas brésiliennes, qui donnent une idée de l’eldorado qu’est devenue la ville ; autrefois appelée la « perle du nord ».
À l’instar des orientalistes ayant dépeint Tanger dans le passé, le photographe capte l’inénarrable lumière du nord et la magnifie avec son oeil avisé à l’image d’un illusionniste ou d’un anthropologue.
Entre lyrisme et pittoresque, le photographe apprivoise telles qu’elles les couleurs crues et bigarrées des murs de la ville, saisies sur le vif.
Les ombres et les reflets fugaces des antennes paraboliques revêtent des allures d’objets d’art.

Honoré Moustache

Vernissage le samedi 30 Juillet à 16h en présence de l’artiste.

Galerie Conil Volubilis
6, rue Sidi Boukouja
Kasbah/Tanger

> Ouverture tous les jours de 11h à 18h
Fermé le lundi