Chaque année des milliers de migrants venus de toute l’Afrique arrivent à Tanger pour franchir les fameux 14 kilomètres qui séparent l’enfer du paradis. Enfin c’est ce que croient ces personnes venues du sud et de la misère en partance pour » l’éden européen »… Le Maroc compte sur son sol quelque 30.000 migrants clandestins.
Située à l’extrême nord de l’Afrique et tout au sud de l’Europe, c’est la porte du sud et de l’imaginaire. Tanger ville de tous les voyageurs n’a jamais été une destination de voyage mais surtout un lieu de passage. Point de départ de toutes les errances, de toutes les dérives c’est le lieu d’où les destins s’inscrivent en caractères sibyllins vite balayés par le vent des sables comme des mirages dorés.
Ceuta et Melilla, les deux territoires espagnols situés sur la côte méditerranéenne sont également le siège d’assaut de la part des immigrés africains qui tentent régulièrement de franchir les hauts grillages d’enceinte (7 m) de ces territoires tant convoités.
Le passage en Europe est terriblement meurtrier, 3419 migrants sont morts en 2014 en méditerranée!
Parmi les migrants qui arrivent à Tanger très peu pourront réaliser leur rêve d’Europe. Sans papier, la courte traversée vers l’Espagne est dangereuse, coûteuse, risquée et très hasardeuse. Les candidats à « l’autre côté » sont aux mains des passeurs qui réalisent un commerce lucratif, malhonnête et sans certitude de résultats pour des gens qui viennent avec des sommes d’argent considérables pour eux, souvent le fruit d’un long travail, d’économie ou de collecte de leurs proches. Ils attendent le bon filon et le bon moment entassés dans des appartements de la banlieue de Tanger, le fameux quartier de Boukhalef, ou des forêts environnantes organisées en camp de réfugiés.
La tension monte entre les migrants et les marocains notamment ceux des quartiers sensibles et la police ne semble pas s’occuper très sérieusement du problème.
Aujourd’hui, profitant de la proximité des deux rives, de nombreux trafics de contrebande et flux illégaux traversent l’étroit canal. Les narcotrafiquants, les contrebandiers et les clandestins ont remplacé les pirates et les corsaires d’hier. Les différents trafics, propres aux zones frontalières, ont contribué à transformer le détroit en une zone de non droit, un gigantesque marché tiers-mondiste, un entonnoir qui capte et redistribue sur l’ensemble de l’Europe les flux illégaux en provenance du Sud.
Paul Brichet
Voir le reportage de France24 « Tanger fin de parcours » qui relate parfaitement bien ce cauchemar.