Driss Bakkioui est un authentique Tangérois, sa famille vit dans la cité du Détroit depuis 1813! Une famille originaire du Rif à Bakkioua, dans la région d’El Houceima. Driss c’est une gueule et un personnage atypique. Il est peintre, il aurait put être acteur ou aventurier dans la Tanger mythique des grandes années.
Un parcours multi-facettes.
Driss est né en 1953 à Tanger tout près de la place du Méchoir, il aura 60 ans cette année. Marié à Rachida, ils auront 3 filles et un garçon. Il est à l’école coranique à 3 ans, puis l’école Franco-Marocaine, le collège espagnol, l’école italienne… Il est bercé par un savant mélange de cultures qui forge sa personnalité et sa curiosité. Il étudie le commerce puis le dessin technique et même la sténo dactylo… Il commence à travailler comme magasinier et ceci pendant de nombreuses années, puis dans la confection, puis le chômage… Mais depuis 1977, il consacre tout son temps libre à son art et à sa passion: peinture et collage.
Driss le marketing-man
Driss observe, jauge, c’est un homme de marketing. Il s’aperçoit que sa peinture ne se différencie pas suffisamment des autres artistes tangérois. Alors, il va créer et produire autrement. Très vite il se distingue des autres peintres tangérois pour se créer une différence. Il dépasse le plan et il se met à faire de la peinture avec des reliefs… Il sculpte des petits morceaux de bois qu’il colle sur ses toiles pour donner du volume à son inspiration.
Sa marque de fabrique
Il porte son regard au loin de la baie de Tanger vers le large comme pour puiser l’inspiration au delà des limites de l’horizon et de sa culture. Cette baie de Tanger, qu’il a sous les yeux en permanence il en fait une véritable signature et sa marque de fabrique. Elle traverse son oeuvre comme une obsession de l’évasion, un regard que l’on jette loin sur la ligne d’horizon vers le monde d’en face. Cette baie est une de ses grandes caractéristiques picturales. Elle marque le champ de son expression. Elle démarque. Elle signe. Elle protège. Elle est au coeur de son travail.
Une oeuvre globale
Sa peinture est fraiche, résolument naïve mais d’une construction très précise. Son travail est global: toile, support, cadre… tout participe à sa création et tous ces éléments font partie intégrante de l’oeuvre. Les « peintures-volumes » de Driss sont un ensemble dont la voute est la baie de Tanger… Il excelle aussi dans la récupération de matériaux et le détournement d’objet du quotidien. Assiette, lampe, poste de TV, palette, horloge tout est support pour peindre, raconter des histoires en images et exprimer son talent de « facteur cheval » marocain.
Driss, le déterminé
Comme il a fait évolué sa peinture pour se distinguer des autres peintres tangérois, il va faire la différence en créant lui même la distribution des ses oeuvres.
Il va quitter l’ami du bazar de Oued Ahardan qui jouait les « galeristes-exploiteurs » dans la médina de Tanger (il y en a qui font bien leur métier…) en travaillant ardemment chez lui où il stocke son travail. Puis en été, à l’arrivée des marocains qui viennent en vacances à Tanger, Driss organise lui même ses « expositions-ventes » sur un chariot au Charf. « Je vendais bien, trois à quatre tableaux par jour en différents formats et ça pouvait me rapporter jusqu’à 900 DH… » déclare Driss. « Et pour les touristes de la médina, j’accrochais mes toiles dans la ruelle de ma maison et assis j’en profitais pour travailler en même temps. Le touriste intéressé choisissait et payait mon travail immédiatement et sans intermédiaire »…
L’enfant du pays a aussi un lieu de prédilection au coeur de la médina de Tanger, non loin du Continental: le « Café jeunesse » où il prépare et procède aux finitions de son travail. C’est aussi pour lui un endroit de rencontres et de confrontation avec ses vieux amis et la vraie vie de Tanger.
La révélation
Driss a un projet. Pendant près d’un an, il a décidé de ne plus vendre ses tableaux et a stocké une partie importante de ses oeuvres dans le but d’essayer de les exposer un jour. Puis ce fut la rencontre avec Bernard et Yann les deux propriétaires de la galerie Artingis de la rue Vélasquez à Tanger qui sont tombés sous le charme de Driss et de son travail. Comme dans son rêve ils lui ont proposé de monter une véritable exposition dans leur galerie en 2012.
Ce fut un beau succès pour Driss et la révélation auprès des amateurs d’art et des Tangérois.
Si vous souhaitez découvrir les oeuvres de Driss Bakkioui, une seule adresse, la Galerie Artingis.
Artingis
11, rue Khalid Ibn Oualid (ex rue Vélasquez)
Tanger
Paul Brichet