Quand l’enfant joueur s’inscrit dans le chaos des villes, soumis depuis toujours à l’agression quotidienne des images et à l’impossible innocence, il attaque !
Enfant des comics, empreint de mélancolie, il cherche obstinément les signes d’un paradis perdu. En quête d’une identité face à l’absurdité des mondes, il court, super héros, enfile des masques, poursuit les nuages du ciel, moutons de Petit Prince, devient agitateur de coca cola, « graffiteur » de l’espace…
Entre gravité et sourire, il arpente les signes des rues de la ville, il cherche son chat. C’est l’univers bien particulier d’Anuar Khalifi.
Et, il est passé à la vitesse supérieure dans ses toutes dernières toiles. Plus mouvementées, fortes en couleurs, en symboles explosifs, il les exposera au début de l’automne à la Loft Art Gallery à Casablanca.
Artiste prolifique, il maitrise de plus en plus son travail, peint sur tous supports, mixe les techniques, ose envahir ses tableaux. Il s’affirme, délire, interloque, juxtapose et s’impose avec un talent et une originalité éclatants. Il est « dans le tourbillon de la vie » !
Ce grand jeune homme de 34 ans, mi-espagnol mi-marocain, se définit plutôt international. Il s’attarde sur « les souvenirs de cette enfance où l’on ne comprend rien et tout ». Entre mythes et réalité, il poursuit sa route avec ses symboles, il s’échappe des représentations inculquées, des interdits affichés. La complicité avec l’enfance reste vive. il veut en retrouver les sensations primaires, sa seule liberté possible. Bombardé comme toute sa génération de pubs, de modes éphémères, il tente de lutter contre cette pression : « aujourd’hui, on ne choisit pas ce qu’on voulait voir »
Il commence souvent à peindre une toile avec un première idée figurative, un jeune garçon pré adolescent en général, posé là sur la toile comme une lampe éteinte puis, peu à peu, il lui tourne autour, ajoute ses codes, crée des rythmes comme ses musiques entre acoustique et électro qui lui son chères et son humour se déchaine à grands gribouillages. Anuar attaque sa toile ! Il joue avec les manipulations, il s’illusionne, sort sa panoplie de petits lapins, chats, oiseaux, gants de boxe de Mickey etc. Construction et déconstruction.
L’expression d’Anuar, c’est retrouver le geste de l’enfant, c’est l’invention sans frontières, le secret des songes, la danse des éléments. Recréer un mythologie surréelle.
Ses ciels se zèbrent parfois des rayures jaunes et noires de l’urbain, les nuages passent sur le voile d’une fille, la flamme brandie des printemps brûlés sort d’une bouteille de coca…
Eloge de l’absurdité d’un monde à grande vitesse, « faut raconter la tragi-comédie, dit il, atteindre un équilibre en assumant le trash et le kitsch » La solitude de l’artiste est dure, cruelle parfois, même s’il se fait rire souvent en peignant : « J’aime travailler dans mon atelier ici à Tanger mais j’ai besoin de m’en évader, de retrouver l’Espagne aussi…» DJ également, la musique est pour lui un univers parallèle indispensable, une communication universelle.
Rien ne peut laisser indifférent dans l’œuvre d’Anuar Khalifi.
Aïch Bengio
Anuar Khalifi Loft Art Gallery
13, Rue Al Kaissi triangle d’Or – Quartier Bourgogne – Casablanca
20500
Téléphone : +212522944765 +212658667837