« Le Pavillon de l’exil ». Exposition de Mounir Fatmi à la Galerie Delacroix de Tanger jusqu’au 15 août 2017.
«Je suis semblable à celui qui portait sa brique pour montrer au monde comment était sa maison.»
Bertold Brecht
On m’a souvent posé cette question : comment je me considère en tant qu’artiste ? Ma réponse a toujours été la même : je me considère comme un travailleur immigré. Mon travail consiste à examiner ce que c’est d’être un artiste, lorsqu’il se sent étranger à son propre contexte culturel, voire à son propre rôle.
«De l’exil, j’ai fabriqué des lunettes pour voir» : j’ai écrit cette phrase en 1998. Depuis, je me pose la question de l’exil, ou plus précisément, c’est la question de l’exil qui s’est toujours posée à moi. Ayant volontairement quitté le Maroc, j’ai vécu dès lors avec la conscience aiguë de la séparation, du déplacement, du poids de l’identité. J’ai inscrit alors ma démarche dans ce déplacement permanent en l’affirmant dans plusieurs œuvres et expositions personnelles, comme «l’Art de la guerre» (ADN Platform, Barcelone, 2014), «Permanent Exile» (MAMCO, Genève, 2015). D’autres expositions collectives comme «Art en Exil» à la Galerie Keitelman, Bruxelles, et « Escale 01 » au Musée des archives Nationals, à Paris.
Plus récemment, le projet « le Pavillon de l’Exil » a été montré à la Biennale de Venise, dans le Pavillon Tunisien.
De cette nécessité, de cette urgence permanente de penser l’exil, est né le projet du Pavillon de l’Exil, comme un projet itinérant, proposant une cartographie parallèle, une géographie libre d’expositions temporaires, sous la forme d’escales dans différents pays.
Le projet pose la question de l’exil comme un nouvel espace à réinventer, à repenser et finalement à investir. Il veut interroger de manière à la fois globale et spécifique les liens entre les différentes formes de déplacements, qu’il s’agisse de la situation du migrant travailleur, de l’expatrié, du réfugié ou encore de l’exilé de guerre, de catastrophes naturelles, de problèmes économiques, de persécutions politiques ou raciales.
Le Pavillon de l’Exil veut investir et franchir toutes les frontières, revisiter les expériences de l’exil et en réactiver les traces dans l’Histoire. Où commence l’exil et où se finit-il ? Sommes-nous tous égaux face au déplacement et à l’exil ? De qui sommes-nous les exilés ?
Mounir Fatmi
Galerie Delacroix de l’Institut français de Tanger
86, rue de la Liberté
90000 Tanger
Vidéo Le Pavillon de l’exil
A propos de Mounir Fatmi
Mounir Fatmi est né en 1970 à Tanger, il vit et travaille entre Paris et Tanger.
Mounir Fatmi construit des espaces et des jeux de langage. Son travail traite de la désacralisation de l’objet religieux, de la déconstruction, de la fin des dogmes et des idéologies. Il s’intéresse spécialement à l’idée de la mort de l’objet de consommation. Cela peut s’appliquer à des machines photocopieurs, des câbles d’antennes, des cassettes VHS, une langue morte ou à un mouvement politique. Ses vidéos, installations, peintures ou sculptures mettent au jour nos ambiguïtés, nos doutes, nos peurs, nos désirs. Ils pointent l’actuel de notre monde, ce qui survient dans l’accident et en révèle la structure. L’œuvre de mounir fatmi offre un regard sur le monde à partir d’un autre angle de vue, en refusant d’être aveuglé par les conventions.
Son travail a été présenté au sein de nombreuses expositions personnelles, au Mamco, Genève, au Migros Museum für Gegenwarskunst, Zürich, au Musée Picasso, la guerre et la paix, Vallauris, au FRAC Alsace, Sélestat, au centre d’art contemporain le Parvis, à la Fondazione Collegio San Carlo, Modena, à la Fondation AK Bank d’Istanbul, au Museum Kunst Palast de Düsseldorf et au MMP+ de Marrakech.
Il a participé à plusieurs expositions collectives au Centre Georges Pompidou, Paris, Brooklyn Museum, New York, N.B.K., Berlin, MAXXI, Rome, Mori Art Museum, Tokyo, Museum on the Seam, Jerusalem, Moscow Museum of modern art, Moscou, Mathaf, Arab Museum of Modern Art, Doha, Hayward Gallery, Londres, Art Gallery of Western Australia, au Victoria & Albert Museum à Londres et au Van Abbemuseum, Eindhoven.
Ces installations on été sélectionnées dans le cadre de plusieurs biennales, la 52ème, la 54ème et la 57ème Biennale de Venise, la 8ème Biennale de Sharjah, la 5éme et la 7éme biennale de Dakar, la 2ème Biennale de Séville, la 5ème Biennale de Gwangju, la 10ème Biennale de Lyon, la 5ème Triennale d’Auckland, Fotofest 2014 Houston et au 10ème Rencontres de Bamako.
Il a reçu plusieurs prix dont le prix de la Biennale du Caire, en 2010, le Uriöt prize, Amsterdam, ainsi que le Grand Prix Léopold Sédar Senghor de la 7ème Biennale de Dakar en 2006 et sélectionné pour le prix Jameel Prize, du Victoria & Albert Museum, Londres en 2013.