La grande Postic pousse la porte de l'Afrique…

Evelyne Postic est une personne discrète, au doux sourire et au regard vrai. Une fois apprivoisée, l’intravertie d’apparence, se laisse aller à raconter son histoire consistante, dense, mouvementée et son parcours artistique étonnant. Accueillie en résidence par l’Institut Français de Tanger et soutenue par la Galerie Conil, elle exposera son travail le 28 janvier à la galerie Conil. Pour moi, Evelyne c’est aussi l’axe Lyon-Tanger…

Elle est née à l’hôtel Dieu de Lyon et habitait Villeurbanne dans sa jeunesse qui fut bouleversée par la maladie dès l’âge de cinq ans. « La double peine » comme elle dit, problèmes de santé et de famille. Des poumons très fragiles, une lourde opération, une vie familiale chaotique perturbe son enfance. Elle vit avec sa maman chez ses grands parents. Elle voulait être danseuse, faire les Beaux Arts mais rien de tout ça, ce fut niet !

Alors c’est la fuite. A 18 ans elle se marie, vit en banlieue grenobloise à  » La Villeneuve » un quartier comme on dit aujourd’hui… Elle aura trois enfants avec un mari dont elle se sépare après 12 ans de vie commune. « Quand j’ai divorcé, dit-elle, je me suis mise à peintre et à dessiner, ce qui a toujours été mon envie ». Cette autodidacte de l’art a enfin trouvé sa voie… L’aventure continue, elle épousera un graphiste polonais et vivra de squat en squat. Ils se séparent également.

Puis elle revient à Lyon en 2006 où elle vit et travaille désormais. C’est à Lyon qu’elle rencontre Bernard, ils vont bien ensemble et ont l’air de s’aimer…

Un parcours artistique étonnant et bouillonnant
Pour échapper à un quotidien trop pesant, elle s’invente un monde parallèle et commence à peindre et à dessiner des formes où se mêlent l’humain, le végétal et l’animal. Elle travaille sur l’adaptation de l’être vivant à son environnement, l’évolution des espèces pour survivre. La variété infinie des formes, des mondes marins et terrestres la fascine.

Comme une rivière trop longtemps contenue, elle crée le soir sans relâche. Elle travaille à de petits boulots la journée pour assurer le quotidien. La biologie et les mondes invisibles la passionnent.

Ce sera un long chemin partagé entre sa recherche d’artiste et l’éducation de ses enfants.

La couleur est très importante dans son travail. Vers 1989, les formes sont très graphiques. A partir de 1995, elles deviennent plus courbes. Elle expérimente différents supports: toiles, polystyrène (bas-reliefs), papier.

Les personnages sont toujours vus de profil. Les mains et les pieds sont très présents, les lèvres lippues, les yeux immenses, clin d’œil à l’Afrique qui peuple ses rêves.

La sculpture fait aussi partie de son œuvre : papier mâché coloré, bois noir sculpté, série en polystyrène. Ses dernières sculptures sont en papier, colle, fer à béton et coquillages.

En 1990, Luis Marcel, directeur de la Galerie Les quatre Coins à Rouannes, l’expose au Salon d’Art contemporain de Toulouse. Elle entre dans la collection du Musée de l’Art en marche, à Lapalisse, France.

En 1993, elle rencontre Cérès Franco qui l’expose à la Galerie L’œil de Bœuf, rue Quincampoix à Paris. Puis elle entrera dans sa collection à Lagrasse, en France.

En 1996, Gérard Sendrey, Directeur du Musée de la Création Franche, l’invite « aux Jardiniers de la Mémoire ». Elle est depuis représentée dans la Collection du Musée de la Création Franche à Bègles en France.

En 1998, elle découvre New-York où elle est invitée pour une exposition collective par l’artiste Pill Demise Smith avec Ody Saban, Carolle Bailly et Gérard Sendrey.

A son retour, elle peint de grands calicots sur le thème de l’immigration et transforme les buildings en femmes.

En 2009, la Galerie Dettinger-Mayer de Lyon, spécialisée dans le dessin contemporain et les arts primitifs expose ses nouveaux dessins ; des encres sur toile en noir et blanc. Tout son univers s’y multiplie à loisirs ; mondes cachés, intérieurs mystérieux où le subconscient révèle ses peurs intimes et les exorcise. Via la galerie elle fait la connaissance d’Aline qui lui fera découvrir Tanger quelques années plus tard.

Au printemps 2010, elle découvre la Belgique et les Pays-Bas.

En 2010, elle participe à l’exposition « L’art partagé » à Rives, en France, organisée par le collectionneur Jean-Louis Faravel, président D’œil d’art.

En 2010, la Galerie Hamer à Amsterdam, spécialisée dans l’art brut et « l’art outsider », expose ses dessins sur calque au salon Outsider au Kunst Center à Aalsmeer, près d’Amsterdam.

En 2011, le Musée de l’Art Spontané à Bruxelles lui consacre une exposition personnelle dédiée à ses dessins sur toile en noir et blanc.

Le musée de l’Art et Marge à Bruxelles s’intéresse à ses dessins sur calque pour une exposition de groupe à l’été 2011.

En 2014, elle expose à la Galerie Polysémie de Marseille où une nouvelle présentation de son travail sera organisée du 20 février au 28 mars 2015.

En janvier 2015, Evelyne Postic est en résidence à Tanger
En 2012, elle vient à Tanger, son amie Aline Aupetit lui présente Olivier Conil de la galerie du même nom et Bernard Liagre de la galerie Artingis qui vont s’enthousiasmer pour l’artiste, son travail et l’exposer en 2013.

Une histoire d’amour commence avec la ville du Détroit où elle sera invitée en résidence par le formidable directeur de l’institut Français, Alexandre Pajon, pendant tout le mois de janvier 2015. Elle travaille sur une création de grande taille (190 cm x150 cm), une vierge ethnique qui porte un nom prédestiné « La Porte de l’Afrique ». Cette oeuvre aborde le Maroc, le thème de l’échange, de l’immigration avec son style bien à elle. Une fresque à l’effigie de Tanger qui tisse des liens entre les organismes, les événements, le monde et les hommes. Elle exprime un univers interpénétré malgré lui qui poursuit sa marche en avant inexorablement vers le bien et le mal, le lien universel entre les êtres et les éléments…

"La Porte de l'Afrique" par Evelyne Postic en cours de réalisation dans la résidence de l'Institut Français de Tanger
Détails de l'arche à gauche et des migrants à droite.

Elle réalise également des sculptures faites d’objets glanés dans la médina et à Casa Barata, le marché aux puces de Tanger. Elle assemble ces éléments comme un acte de métissage physique, culturel et artisanal. Une arche, peut être celle d’un Noé plus contemporain ou celle de ces immigrés qui fuient vers les mirages de l’Europe et trop souvent vers des destins noirs…

Des statuettes qui dissimulent leur existence derrière des tchadors imaginaires en fils de soie. Socles en bois venus de nulle part et chinés au hasard de ses errances Tangéroises, bobines de fil, têtes de poupée venues de France,  foulards de passementerie du Maroc.

Sa résidence à Tanger est un moment privilégié pour ne penser qu’à son travail dans cette ville qu’elle aime et qui l’inspire. Ses travaux seront exposés à la Galerie Conil à partir du 28 janvier.

Et la route continue
La galerie Bourbon Lally l’exposera de nouveau au Salon Outsider Art Fair à New York cette année.

Nouvelle expo personnelle à la galerie Dettinger Mayer de Lyon en 2015 également.

La grande Evelyne Postic est partout…

Paul Brichet

3 Responses to "La grande Postic pousse la porte de l'Afrique…"

  1. Christine Keyeux  28 janvier 2015 at 21 h 57 min

    C’est un travail extraordinaire,fascinant !

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  2. Christine Keyeux  28 janvier 2015 at 21 h 57 min

    C’est un travail extraordinaire,fascinant !

    Répondre
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