Roland Beaufre : L'argentique ou rien !!!

Roland Beaufre est né à Bonn en 1952. Il s’est aventuré dans la photographie au cours de ses études d’architecture à Paris, quai Malaquais. En 4ème année, on lui offre son premier appareil un Kiev, copie russe des Leica, et il commence toute une série de portraits qu’il peut développer lui même aux Beaux Arts. Il restera toute sa vie fasciné par la révélation de l’image et le rendu incomparable de la photographie argentique, ses demi-teintes, ses subtilités, ses transparences…

Roland Beaufre dans sa maison de Tanger. Au-dessus de la cheminée une très belle peinture de sa mère.

Un peu las de travailler dans une agence d’architecture pour gagner sa vie, il fait parfois des photos de mode, des books de mannequins et de comédiens qui lui confèrent déjà une certaine réputation.

La chance arrive en 1978 avec la proposition  de la Maison de Marie Claire pour réaliser un reportage à Tanger. Le thème : faire découvrir tout ce qui reste des années 50 dans cette ville qu’il connait bien puisque ses parents avaient acheté en 1963 la « Villa Victoria » à la Vieille Montagne.

Roland devant la porte de la Villa Victoria à Tanger

Ne s’étant jamais frotté à cet exercice auparavant, il donne spontanément, empreint de ses cours d’architecture et d’arts plastiques, une vision personnelle de la photo de décoration, utilisant aussi son art du portrait pour animer les lieux qu’il photographie.  » J’essaie de saisir l’atmosphère d’une maison, avec un abord plus sensible, l’instant de lumière, les murmures du passé, les objets familiers… »

Il le capture avec ce frémissement particulier quand il sait que la photo est bonne !

Roland Beaufre est lancé et n’a plus cessé depuis son activité de photographe dans la décoration, le design, sillonnant le monde.

Ponctuant le tout d’expositions plus personnelles  et continuant sa collection de portraits de célébrités diverses… On pourrait le comparer à un peintre de cour et pourtant non.

Il est resté maître de lui avant tout, peu sensible aux modes même s’il les parcourt . Fils de général et d’une mère, mannequin extrêmement  belle, gardien de leur étonnante histoire d’amour, il a  un côté Proustien, Viscontien peut-être davantage, avec cette courtoisie et ce calme qui le caractérisent, énigmatique en son jardin secret.

Il reconnait avoir bénéficié dans ces années 1980, des meilleures conditions dans son travail qui n’existent plus aujourd’hui… Les magazines qui l’ont sollicité lui permettant une totale liberté.

Ainsi David Herbert dans  « Décoration Internationale »  lui laisse totalement la bride sur le cou : 30 pages dans le même numéro par exemple…

Puis Connaissance des Arts, Vogue,  City et Marie Claire Maison.

Malgré les contraintes qu’apportent cet exercice, tandem avec un journaliste, sujets imposés, cet artiste extrêmement courtois et d’une grande humanité raconte comment on peut quand même imposer sa propre créativité !

Apaisant, il entretient des relations fidèles et suivies avec le monde de la presse… » le relationnel est important dans ce milieu  » dit-il et on m’appelle souvent « Monsieur Valium « …

Depuis 1982, il agit dans trois domaines :

– Collaboration avec des magazines internationaux : World of Interiors depuis 78, Mezonin (Russie) et Maison Française.

–  Des livres : il a participé à de nombreuses publications d’ouvrages, un par an environ, aux éditions: Chêne, Thames & Hudson, Rizzoli, Minerva, du Regard, Flammarion, Taschen…  Illustré par exemple :  Les goûters de Garance (Editions du Regard 1994), Extravagances (Flammarion 2001), Voyage dans le Maroc Juif (Somogy 2003, Paris des Hommes (2006 ) et en 2007, Dernier Exil à Tanger très bel ouvrage de photos accompagné d’un texte de Stéphane Guibourgé qui est en vente à la librairie Les Insolites.

–  des catalogues pour décorateurs…

Il présente actuellement à la Librairie Les Insolites, du 2 Avril au 2 Mai une sélection de 14 portraits de personnalités tangéroises (Adolfo de Velasco, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Anuar Khalifi, Abdel-Mohcine Nakari, etc.), pris depuis 30 ans à Tanger.

Quelques photos de l'expo à la librairie "Les Insolites" de Tanger à retrouver intégralement sur son site internet.

Mais aujourd’hui il a d’autres projets : un livre sur les architectures et les coutumes paysannes des diverses régions marocaines, un peu à la Depardon, ce qui malheureusement ne trouve pas d’écho chez les éditeurs; un livre de ses portraits et reprendre en poussant plus avant l’érotisme, ses superbes photos de nus.

Roland Beaufre est aussi un voyageur infatigable. Ses  pays préférés: le Mexique, l’Inde et le Maroc bien sûr.

Cet artiste discret et charmant, a de multiples protections héritées de son enfance de militaire intinérant:  ses deux nounous, la première en Allemagne avec qui il correspond toujours et la deuxième Habiba, veillant sur lui à la Villa Victoria de Tanger.

Habiba et Roland. Le drapeau en hommage au nouveau roi et la cigogne de la maison

Une cigogne a élu domicile à l’entrée de la maison sur le tronc dénudé d’un vieux palmier. Elle côtoie le drapeau marocain qui flotte au dessus de la porte (selon le voeu de sa mère depuis toujours).

Belle image pour prendre congé de notre hôte !

Aïch Bengio

> Retrouvez le travail de Roland Beaufre  sur son site: roland-beaufre.book.fr

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