Bravo pour cette manifestation « Tanger Tanger » organisée à la Gaîté lyrique de Paris, temple de la culture numérique, sous l’impulsion de Vincent Carry, créateur des Nuits Sonores de Lyon et de Tanger et conseillé artistique de la Gaîté. Ce fut un beau moment avec une curieuse sensation, celle de retrouver beaucoup d’amis tangèrois, d’un coup d’un seul, comme si nous nous étions tous télé-transportés de Tanger à Paris juste le temps d’un week-end. Plein de belles choses, quelques oublis…
Dans le hall historique de la Gaîté trône la « Benz » rose bonbon, du jeune et prometteur artiste plasticien Damien Bonnaud, scarifiée à la disqueuse à la manière d’un immense masque africain à roulettes, ralliant seul les deux rives de la méditerranée. Ex tangéroise, la propriétaire de la Benz 240 D, Izzy Bizeau, a en effet ramené la « Mercedes oeuvre d’art » en traversant l’Espagne car elle s’installe à Paris désormais pour travailler avec son groupe de musique Sa7a.
Le grand foyer de la Gaité accueillait les invités du jeudi soir avec une multitude de petites étoiles bleues collées au sol et sur ses immenses fenêtres donnant ainsi l’impression d’être dans une cathédrale avec de magnifiques vitraux à la marocaine…
On pouvait aussi découvrir les vidéos de Omar Mahfoudi dans le grand hall du 1er étage. Vidéaste et peintre, Omar est certainement l’une des figures majeures de la scène contemporaine du Maroc. Etaient présentes également les oeuvres d’un autre artiste tangérois de talent Mohcine Nakari (Peintre et vidéaste).
Au 3e étage, Carla Querejeta Roca, invitée à Tanger Tanger, expose son travail de « peinture espace ». Cette jeune artiste d’origine espagnole qui a longtemps travaillé à Tanger s’est installée récemment à Paris. Elle est actuellement en résidence au 59Rivoli.
Znb, alias Zineb Ben Jelloun, la jeune artiste et illustratrice qui a signé l’affiche de « Tanger Tanger », a recouvert un grand pan de mur de la Gaîté de son trait talentueux. Ses dessins de villes, à la fois détaillés et chaotiques, traduisent parfaitement l’urbanité quasi anarchique qui règne dans certaines grandes villes du Maroc.
Signalons encore la reproduction de la célèbre Librairie des Colonnes fondée en 1949 et dirigée aujourd’hui par Simon-Pierre Hamelin, les lectures et la sélection photos réalisées par Stéphanie Gaou des insolites, la présence d’Eric Valentin qui fait un travail remarquable au théâtre Darna, quelques artistes de la galerie Conil, les concerts avec les Gnawas, Sayfl7a9, Bachir Attar, de nombreux produits marocains exposés et présentés dans le souk, l’inévitable coucous du vendredi…
Quelques regrets…
Il est dommage d’avoir passé sous silence quelques personnages centraux de Tanger comme Rachid Taferssiti, qui fait tant pour préserver le patrimoine historique de Tanger et créer le lien entre passé et présent, Philippe Guiguet-Bologne, créateur historique de Dar Nour et auteur de « Détroit », un très beau livre de poèmes sur Tanger, Philippe Lorin créateur du festival Tanjazz (15e édition cette année) et qui est certainement une des plus belles manifestations musicales de la ville, « 100 % Mamans », association présidée par Claire Trichot qui accueille les mamans célibataires et qui bouleverse le paysage social de Tanger. Avec son équipe, elle essaie de remettre à l’endroit les mamans en détresse par les travaux « d’art-thérapie » (entre autres) dirigés par l’artiste Christine Keyeux, du nouveau city magazine « Urbain » lancé par les deux co-fondateurs Christine Cattant-Samet et Othman Noussairi qui dressent chaque mois un large panorama de l’activité culturelle de Tanger, du laboratoire culturel « Tabadoul » animé par la pétaradante Silvia Coarelli, de l’historique hôtel Continental qui a été le pôle d’accueil ô combien important d’une floppée de visiteurs célèbres…
On aurait aussi aimé savoir comment se rendre à Tanger, ce qui est bien l’aboutissement final de ce type de manifestation.
Cela donne parfois l’impression d’un monde qui tourne un peu en boucle, d’un pseudo conflit entre anciens et modernes, d’une histoire de clans…
Belle manifestation à saluer cependant et à refaire autrement car Tanger mérite plus d’un voyage à Paris…
Paul Brichet
Cher ami (Paul),
Je vois bien que tu es très sensible à la profondeur de l’âme de Tanger. Tu regrettes mon absence dans cette vision de Tanger exposée à Paris. J’ai toujours dit que chaque amoureux de cette ville, aux mille visages, aura sa manière à lui de la capturer et de l’exhiber. Je fais partie d’une race de Tangérois en voie d’extinction. Aussi, ma vision à moi doit être dépassée. D’ailleurs je dis souvent que mon Tanger n’est pas celui de mes parents et ne sera jamais celui de mes enfants, et encore moins celui de mes petits-enfants. Mais, aucun de nous ne pourra dépouiller la ville de son esprit car, il appartient à la profondeur de son âme, belle et indestructible. Tangéroisement. Rachid Taferssiti
Cher Rachid, Merci de ce témoignage qui exprime parfaitement ta grandeur d’âme. J’ai du mal avec l’ignorance et l’oubli… Bien à toi, Paul
Cher ami (Paul),
Je vois bien que tu es très sensible à la profondeur de l’âme de Tanger. Tu regrettes mon absence dans cette vision de Tanger exposée à Paris. J’ai toujours dit que chaque amoureux de cette ville, aux mille visages, aura sa manière à lui de la capturer et de l’exhiber. Je fais partie d’une race de Tangérois en voie d’extinction. Aussi, ma vision à moi doit être dépassée. D’ailleurs je dis souvent que mon Tanger n’est pas celui de mes parents et ne sera jamais celui de mes enfants, et encore moins celui de mes petits-enfants. Mais, aucun de nous ne pourra dépouiller la ville de son esprit car, il appartient à la profondeur de son âme, belle et indestructible. Tangéroisement. Rachid Taferssiti
Cher Rachid, Merci de ce témoignage qui exprime parfaitement ta grandeur d’âme. J’ai du mal avec l’ignorance et l’oubli… Bien à toi, Paul