L’Institut français de Tanger en partenariat avec la Galerie Artingis présente l’exposition : « NORD-SUD – Rencontre de deux mondes autour de l’art singulier » avec Mohamed MRABET et Mostapha BEN MALEK du 9 juillet au 15 septembre 2021 à la galerie Delacroix. Une exposition exceptionnelle qui rassemble une centaine d’oeuvres pour chaque artiste.
Vernissage : vendredi 9 juillet à 19h30 en présence des deux artistes.
Mohamed MRABET et Mostapha BEN MALEK. Le premier est tangérois, le second est essaouirien, deux artistes singuliers que la géographie et l’âge éloignent, mais que l’art rassemble. Leurs toiles traduisent un véritable travail d’introspection et racontent le récit d’un rite initiatique. Le passage du réel à un monde où la pensée prend le dessus sur la matière. Ils créent ainsi leur propre univers où se croisent formes ancestrales et personnages surréalistes.
Inventive, colorée et vivante, l’œuvre de Mohamed MRABET révèle un univers fantasmagorique et s’inscrit à l’aube de l’art contemporain marocain. Sa peinture jaillit du fond de son riche imaginaire. Marqué par ses origines rifaines imbibées des apports de la méditerranée, il dessine et peint sans relâche n’hésitant pas à se livrer à l’harmonie du géométrisme.
Imaginaire débridé, éclat jubilatoire des couleurs. Les créations spontanées de Mostapha BEN MALEK ont la fraîcheur de la vie et de la musique. Son œuvre explore les intérieurs, interrogent le secret et le subconscient par le truchement du regard. Peinture ethnique, puissance créatrice du geste, son travail se caractérise par la nature, les personnages et les animaux emportés dans une agitation délirante.
Au carrefour de l’art brut et de l’art populaire, ces deux artistes singuliers déclinent dans un même espace un véritable travail d’introspection et racontent le récit d’un rite initiatique.
A propos de Mrabet et Ben Malek.
Mohamed MRABET.
Né à Tanger en 1936, il fréquente à peine une école coranique. Dans le début des années cinquante, dès l’âge où les enfants commencent leur scolarité, Mohamed Mrabet, fut contraint de quitter l’école. Pitago, son instituteur de quelques jours, ne pourrait aujourd’hui imaginer, que son élève, par son labeur, soit arrivé à l’artiste absolu qu’il est aujourd’hui.
Les créations picturales de Mohamed Mrabet sont inscrites historiquement dans le début de la peinture contemporaine du Maroc.
Créateur prolifique, Mohamed Mrabet, n’a cessé de produire depuis ses vingt ans et son œuvre circule à travers le monde.
Mrabet a donc sa place parmi les premiers peintres marocains de l’art contemporain.
Les tableaux de Mrabet sont exposés en permanence dans des collections prestigieuses à travers le monde. On peut les admirer dans le Musée de la Légation Américaine à Tanger, dans les collections des musées Peggy Guggenheim et dans bien d’autres collections privées.
Sa peinture jaillit du fond de son riche imaginaire. Elle est marquée par ses origines rifaines, imbibées des apports de la méditerranée et du continent africain.
Son univers onirique se retrouve dans son parcours artistique. Il dessine puis peint, sans relâche. Le kif, qu’il a toujours fumé abondamment, accompagne son imagination débordante… D’abord au stylo ou au crayon, puis au pinceau, c’est tout un univers fantasmagorique que ses œuvres nous révèlent.
Dans des entrelacs complexes, on reconnaît des figures tribales ou des sortes de monstres aquatiques dans le genre scolopendres ou serpents à plumes qui font écho autant à ses origines de la tribu montagnarde des Beni Ouriaghel qu’à sa proximité actuelle avec la mer, devenue l’élément clé de son œuvre.
Ses premières œuvres, peu nombreuses, datent des années soixante. Dans la décennie 60, Mohamed Mrabet explore différentes techniques et laisse libre court à son imagination, n’hésitant pas à se livrer à l’harmonie du géométrisme ou au plus pur abstrait.
En 2021, année de ses 85 ans, Mohamed Mrabet persévère et continue à travailler sans relâche.
Un des derniers témoins encore vivant de la « Beat Génération », Mohamed Mrabet a côtoyé en compagnie de Paul Bowles, les plus éminentes icones de cette mouvance qui a représenté aux yeux de la jeunesse des années 50-60, une nouvelle façon d’appréhender le monde. Parmi ces représentants, on citera, Jack Kerouac, Tennessee William, William Burroughs.
Conteur né, Mohamed Mrabet a écrit avec Paul Bowles, de nombreux livres révélateurs de cet autre univers qui a pendant longtemps hanté les écrivains d’outre atlantique et fasciné nombre de leurs adeptes.
Ses productions publiées dans plus de vingt-cinq langues continuent d’attirer la curiosité et l’intérêt des explorateurs d’aujourd’hui.
Mostapha BEN MALEK.
Né en 1977 dans la région d’Essaouira Mostapha commence à peindre dès l’âge de 12 ans.
Droguiste ambulant de père en fils depuis plusieurs générations, il a été subjugué depuis son tendre âge par les couleurs des plantes et des épices.
Artiste Singulier au carrefour de l’Art Brut et de l’Art Populaire, comme au croisement des cultures arabes, berbères et africaines, ses créations spontanées, immédiates, ont la fraîcheur de la vie et de la musique. Symboliste et surréaliste par excellence, Mostapha est d’abord un peintre des sensations et du cœur.
Peinture ethnique, tribale, ou naïve, puissance créatrice du geste, imaginaire débridé, éclat jubilatoire des couleurs caractérisent ses œuvres d’un réel halluciné aux couleurs vives où la nature, les personnages et les animaux sont pris dans une mouvance délirante.
En outre, dès que l’on examine ses tableaux, l’œuvre éclate d’une merveilleuse diversité ancrée dans sa société : de l’enfance à la femme en passant par les traditions, l’artiste s’efforce d’explorer les intérieurs, d’interroger le caché et le subconscient par le truchement du regard.
En effet, des êtres composites ; hommes, femmes, animaux et objets métamorphosés vous regardent, vous interpellent, vous font peur ou vous draguent selon le cas, transformant en spectacle, ces créatures en objet de désir.
Finalement, Mostapha Ben Malek semble nous communiquer l’idéal dont il rêve et dont le centre reste l’homme. La pureté, l’authenticité et surtout l’amour sont au coeur de son oeuvre.
DE L’ART BRUT A L’ART SINGULIER.
Les artistes « singuliers » sont souvent autodidactes et revendiquent une certaine spontanéité. Volontairement ou non ils ont établi une distance avec l’art officiel.
Les artistes d’aujourd’hui mélangent allègrement les genres et les techniques, à la recherche de la manière la plus pertinente pour restituer leur imaginaire, en dehors des codes et des académismes.
Pourtant, la conception de l’art qui a prévalu pendant des siècles depuis la Renaissance fut adossée à un enseignement systématique de la copie des œuvres des maîtres anciens, ceux de l’Antiquité puis des 14e et 15e siècles.
Le « canon classique » était alors la norme de toute production artistique.
A la fin du 19e et au début du 20e siècle, l’art moderne a largement mis à mal cette tradition.
C’est dans une forme de continuité de cette volonté de transgression et de dépassement de conceptions séculaires que Jean Dubuffet a inventé l’Art Brut.
Défini « CONTRE L’ART », celui-ci s’opposait à la référence systématique des modèles du passé : « LA COPIE », jugée responsable de la production d’œuvres qualifiées de « poncifs de l’art classique et de l’art à la mode ».
Dans « L’art brut préféré aux arts culturels » Dubuffet énonçait à propos de l’art brut : « Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquelles, donc le mimétisme, n’a eu peu ou pas de part. De l’art donc, où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celle constante dans l’art culturel, du caméléon… ».
En 1978, c’est l’exposition « Les Singuliers de l’Art », organisée par Michel Ragon au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, qui marque les débuts du terme « ART SINGULIER ».
Les artistes de l’Art Singulier se différenciant de ceux de l’Art Brut, par leur culture artistique s’inscrivant dans un courant d’art contemporain, qui amène de l’air frais, peindre, dessiner, sculpter, comme si ce n’était pas le cas.
Il s’agit de réalisations spontanées, sans prétentions culturelle ni démarche intellectuelle.
L’art singulier « EST » et il ne se laisse pas réduire à une définition claire et établie.
On peut dire qu’il est relié à une mouvance « post-art brut », que l’on a pu désigner également de différentes façons : art en marge, art cru, création franche, art insolite, outsider art, art hors norme, art singulier, art intuitif, art alternatif.
Galerie Delacroix – Tanger – du 9 juillet au 15 septembre 2021.