Tahar Ben Jelloun nous livre ici le récit de douze années de rencontres avec Jean Genet. Les fulgurances de leurs conversations et les nombreuses anecdotes que recèlent ces souvenirs inédits jettent un jour nouveau sur cet écrivain secret et souvent mal compris. On y retrouve aussi toute la force et l’urgence des débats politiques et intellectuels du tournant des années quatre-vingt.
En 1974, lors de leur premier rendez-vous, l’homme qui s’installe en face de Tahar Ben Jelloun n’a plus grand-chose en commun avec l’écrivain-voleur mythique, saint et martyr. Il écrit rarement, a coupé les ponts avec Sartre et Cocteau et se passionne désormais pour les luttes révolutionnaires les plus contemporaines : Zengakuren japonais, Black Panthers américains, et enfin la cause palestinienne.
Ce Genet « politique » n’en est pas moins resté un homme insaisissable et créatif. Pendant les dix années qui vont suivre, Genet tantôt apparaît, tantôt disparaît, pour se lancer dans de nouveaux projets auxquels il associe souvent Tahar Ben Jelloun : entretiens, articles, scénarios, traductions…
Malgré les séismes que Genet provoque encore régulièrement, quand il apporte son soutien à la Fraction armée rouge par exemple, ces années sont également marquées par des doutes et une fragilité dont Tahar Ben Jelloun est aussi le témoin. L’opinion l’ignore, Genet est alors un homme gravement malade qui met ses dernières forces dans l’écriture d’un livre ultime, achevé à la veille de sa mort : Un captif amoureux.
Présentation de l’éditeur
Tahar Ben Jelloun, « Jean Genet, menteur sublime » Gallimard Octobre 2010 208 p. 15,90 €