La Librairie des Colonnes propose une rencontre avec l’écrivain Arno Bertina autour de son livre « Des châteaux qui brûlent », le mercredi 14 mars à la Galerie Delacroix animée par Simon-Pierre Hamelin.
Au sein d’un abattoir de volailles occupé, la puissance du collectif et sa pulsion de vie, face à la violence des inégalités contemporaines.
Filiale d’un géant de l’agroalimentaire, un abattoir de volailles breton, au bord du dépôt de bilan, tente de résister. Quatre-vingts salariés occupent l’usine et séquestrent un ministre venu de sa propre initiative leur proposer une reconversion. De gauche, il rêve de décroissance et de développement durable. Eux sont fixés sur un objectif : sauver les emplois. Et qu’importent les aberrations de l’économie mondialisée, l’épuisement de la planète, le pillage du Sud par le Nord, la malbouffe et les interrogations sur la maltraitance animale… Qu’importe, vraiment ? Arno Bertina met en scène, avec une belle subtilité, l’insurrection d’une poignée de salariés en panique sous le regard hostile des médias, dans le viseur des CRS et sous l’œil en embuscade du préfet et du gouvernement. Il fait entendre les voix des uns et des autres, les isole et les croise, les incarne. Il s’enferme avec eux dans l’usine occupée, colle au plus près des discussions, des engueulades, des interrogations intimes, des contradictions, des peurs et des courages, des hontes et des fiertés, des postures et des mises à nu. C’est passionnant, vibrant, puissant. Le texte se déploie dans de multiples dimensions sans jamais perdre son souffle. Tout au long de ses 400 pages, il donne à voir l’intelligence collective, l’évolution des points de vue, la force nouvelle qui s’empare de chacun.
À l’heure où le gouvernement s’apprête à liquider massivement les droits des salariés, l’auteur pointe la violence d’un monde où 85 % des bénéfices des entreprises sont désormais reversés aux actionnaires, contre 40 % en 1980. Empruntant le titre de son roman à Neil Young (Don’t let it bring you down/It’s only castles burning), Arno Bertina réussit un roman singulièrement contemporain, plein d’étincelles et d’énergie, une sorte de brèche dans la perpétuation résignée d’un système qui ne cesse de dévorer les plus faibles : « Une insurrection c’est une réaction de survie, une métamorphose de la mort en forme de vie ».
Michel Abescat – Télérama
A la Galerie Delacroix – Tanger
Le 14 mars à 19 h