La Galerie Conil de Tanger expose les peintures récentes de l’artiste Catherine Renaud Baret intitulée « L’homme et sa ville », à partir du samedi 8 avril.
« Aller retour entre deux terres, séparées par un bras de mer, kaléidoscope de formes, de couleurs,
similitude catapultée dans les cailloux du savoir, atomes d’une beauté faite de petits riens, mais qui ajoutés les uns aux autres en font une montagne dans laquelle je me perd. J’y ramasse des grains de couleur, de matière, des formes du hasard. J’y sculpte un monde de l’entre deux, de lumière et d’ombre, de passé et d’avenir, de rêve et de réalité. Tous ces personnages que je découvre chaque jour forment une farandole d’amis qui auraient pu se rencontrer. Et qui au hasard de la vie vont mener leur vie propre. Silhouettes parfois dansantes, parfois pesantes, la tristesse et la joie entremêlées comme dans la vraie vie. Ils grouillent dans les rues, dans la ville, cubes entassés les uns contre les autres. C’est l’histoire de l’homme dans sa ville. » CRB 2017
Parfois, le fond monochrome est entièrement sombre pour abriter dans la nuit noire une femme traînant un animal aux allures anthropomorphes, son propre reflet, désenchanté et indocile, impitoyablement tiré par une laisse sans faille. Le fond s’anime aussi d’une rencontre ou d’un objet, édifiant d’étranges scènes de genre frappées de folie. Dans une peinture montrant une femme et un enfant au visage bandé de brûlures, une percée dans le mur campe une triste « veduta » ouverte sur une foule d’épaves humaines. Un autre tableau représente une femme qui, tournant le dos au monde, semble, à l’aide d’une corde rouge, apprivoiser un tas de bestioles enfermées dans un cube transparent, microcosme d’un univers peuplé de haines pressées de nuire. L’art de Catherine Renaud Baret est une douloureuse figuration de l’homme dépossédé de lui-même au profit de la disgracieuse marionnette qu’en fait la cruauté du monde. Les flâneurs immobiles de Balthus y croisent les carcasses inachevées et spumeuses de Paul Rebeyrolle. Au spectateur qui se demanderait où l’artiste puise les images de cette humanité accablée qui la hante, les toiles intitulées « Alep » indexent le présent implacable. Universel et intemporel, l’homme que peint Renaud Baret naît d’abord des cendres des catastrophes contemporaines. Il est l’insoutenable caricature de l’actualité du monde pulvérisé dans une massive démence meurtrière
Extrait du texte du catalogue que j’ai intitulé « Ville et déréliction »
Catherine Renaud Baret et Youssef Wahboun vous attendent pour le vernissage de l’exposition
« L’homme et sa ville » le samedi 8 avril à partir de 16h30. Lecture vers 17/18 h.
Galerie Conil
35, rue des almohades
Petit Socco
Tanger