« Dans le secret de la loge » une pièce de Jean-Claude Sussfeld au théâtre de la Fondation Lorin de Tanger du 10 au 15 mai 2016 à 21h avec Aurore Laloux et Meriem Benachenhou.

Jeu de pouvoir et de manipulation
La célèbre comédienne Emma Kléber prend à son service Coralie, une jeune femme qui rêve de devenir son assistante. Mais Coralie cache son jeu. Elle n’est pas celle qu’elle prétend être et sa présence auprès de la comédienne semble être l’aboutissement d’un plan mûrement réfléchi. Lorsque Coralie finira par dévoiler à Emma les véritables raisons de sa présence à ses côtés, ce sera dans l’espoir de la terrasser définitivement.

Des personnages proches d’Emma Kléber (sa mère, son agent, sa meilleure amie etc.) livrent leur version du drame…

Note de l’auteur, Jean-Claude Sussfeld
A travers Emma Kléber, la star en perte de vitesse, on peut ressentir, cachée derrière les comportements excessifs, la peur d’être face à soi-même. Le besoin d’avoir en permanence Coralie auprès d’elle, cette assistante-amie, révèle ce mal-être. Elle est l’archétype de ce genre de personnage.

Dans le secret de cette loge, deux solitudes tournent autour du souvenir de l’homme célèbre et adulé : Renaud Blandin. Son ombre plane sur ces deux filles, les empêche d’être heureuses et les dresse l’une contre l’autre. Les traumatismes de l’une vont révéler les blessures de l’autre, le poids du passé ressurgit comme une mauvaise fleur dont on n’arrive pas à se débarrasser, et c’est seulement après s’être échappées des griffes de ce fantôme trop envahissant qu’Emma et Coralie pourront espérer devenir des femmes.

Dans le Secret de la loge débute comme une comédie grinçante, prend peu à peu des teintes plus sombres pour révéler les larmes d’un passé dramatique.

Emma Kléber parle de Coralie
« Coralie n’a rien d’exceptionnelle ! Elle est gentille, dévouée, certes, mais comme toutes les autres. Alors pourquoi ? Pourquoi se permet-elle ce qu’elle se permet sans que cela ne me mette hors de moi ? Quel étrange pouvoir à cette gamine, qui d’ailleurs n’en est plus une ? J’ai constaté que loin de me mettre en furie, la plupart de ses incartades ont plutôt tendance à m’amuser. Elle le sait, elle en profite et évidemment elle finit par dépasser les bornes et je suis alors obligé de lui rappeler qui est la maîtresse. C’est malheureux parce que, voyez-vous, lorsque je lui dis que nous sommes amies, je ne suis pas loin de le croire. Il y a en elle quelque chose de familier, oui je crois que c’est le terme exact : familier. Comme si nous nous étions connues dans une vie antérieure. Oui, je sais, c’est un abominable cliché, aujourd’hui toutes les bonnes femmes qui s’adorent prétendent qu’elles se sont sans doute rencontrées dans un siècle passé ce qui explique leur attachement l’une pour l’autre. C’est très à la mode, ça vient de la pensée bouddhiste ! Mais il est vrai que je dois reconnaître qu’avec Coralie, y’a un peu de ça. »

Coralie parle d’Emma Kléber
«Emma Kléber est capable de n’importe quoi. Elle est complètement fêlée. Faut dire, avec tout ce qu’elle a dû se mettre dans la tronche depuis qu’elle est gamine… Bientôt elle sera prête à craquer. Il faut que j’attende le bon moment pour que les conséquences soient le plus catastrophiques possible. Mais je sens que ça va venir, ça approche. Elle est de plus en plus à ma main. Évidemment, elle ne se rend compte de rien. Il suffit de lui dire qu’elle est merveilleuse et elle est contente. C’est étrange, je n’arrive plus à imaginer, enfin comprendre, réaliser qu’Emma, ma maîtresse, mon amie, Emma Kléber est la même personne que Gentiane l’héroïne « d’éclat de soleil ». C’est comme si un monde de perversité était passé au-dessus de la jeune fille… Pourtant Emma est belle, c’est pas ça mais… Elle a perdu toute forme d’innocence. Voilà, je crois que c’est ça. Il n’y a plus rien d’enfantin en elle. C’est pour ça que je n’arrive plus à la reconnaître. Quand et pourquoi a-t-elle perdu cette innocence qui irradiait ses deux premiers films ? à quel moment la petite Emma Kléber est morte ? »

Théâtre de la Fondation Lorin
44 rue Touahin, Médina de Tanger
Du 10 au 15 mai 2016 à 21h

  Dans le secret de la loge, Jean Claude Sussfeld, théâtre