« Entre deux mondes » Exposition de Franck Beroard à la Galerie Artingis de Tanger jusqu’au 29 avril 2013.
C’est l’histoire d’une exposition qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Franck Beroard, a pour son travail de cadre supérieur beaucoup voyagé au cours de sa carrière. Il vit au Maroc depuis 2007. Tout au long de sa vie il a peint le soir mais a toujours refusé l’idée d’exposer.
C’est donc en amateur d’art curieux que Franck Beroard est entré à la Galerie Artingis de Tanger et c’est en parlant des œuvres qui y étaient exposées qu’il a au détour d’une phrase indiqué qu’il peignait des galets et que Bernard Liagre et Yann Tribes, propriétaires de la galerie Artingis lui ont suggéré de leur envoyer quelques photos.
Le lendemain, ils recevaient par mail une présentation d’une vingtaine de galets peints pour lesquels ils ont eu un coup de cœur, et part retour ont proposé d’en mettre en vente dans une des vitrines de leur galerie.
Deux jours plus tard ils se rendaient au domicile de Franck Beroard pour sélectionner quelques galets. Ils y ont alors découvert un véritable artiste à la tête d’une collection d’huiles sur papier et de toiles et c’est de cette rencontre qu’est née l’idée d’organiser une véritable exposition…
Une quarantaine de tableaux de différents formats ont été sélectionnés ainsi que 50 galets afin de présenter au visiteur un aperçu de l’œuvre de Franck Beroard.
Cette exposition est une invitation au voyage dans un monde imaginaire très particulier. La magie et la délicatesse des couleurs vous entraînent immédiatement dans des paysages improbables peuplés de personnages mystérieux qui vivent une histoire dans laquelle le surnaturel est naturel et dans lequel la pesanteur devient apesanteur.
C’est un regard naïf mais aussi ironique que jette Franck Beroard sur le monde, comme sur son propre monde.
Quand on demande à Franck Beroard ce qu’il cherche à exprimer il répond que c’est la question qu’il ne faut pas poser à un peintre car la peinture est, sans aucun doute, un mode d’expression qui permet de faire passer ce que l’artiste ne sait pas ou ne veut pas exprimer autrement. Sa peinture est pour lui à la fois une évasion et le plaisir presque charnel de créer son propre univers.
Il a su transformer des galets ramassés au cours de promenades le long des plages en véritables statuettes pleines de vie et notamment grâce à ces yeux omniprésents. Franck Beroard explique que c’est un façon de renverser les rôles puisque dans cette exposition, on peut penser que ce ne sont pas les visiteurs qui viennent voir ses tableaux et ses galets, mais sans doute ses tableaux et ses galets qui grâce à ces yeux vont scruter et admirer les visiteurs qui vont défiler devant eux.
Le titre de l’exposition « Entre deux mondes » représente une reconnaissance pour la ville de Tanger qui relie si bien l’Europe et l’Afrique, au plan géographique comme au plan culturel. C’est aussi ce chemin qui relie le monde du réel et le monde de l’imaginaire, et c’est enfin ses deux moyens d’expression, tableaux et galets.
Dans un monde ou l’art peut devenir rapidement une production commerciale, Franck Beroard a su au cours des quarante dernières années préserver à son œuvre un caractère d’une grande fraîcheur à l’abri du mercantilisme, et c’est justement ce qui en fait son prix.
Artingis
11, rue Khalid Ibn Oualid (ex rue Vélasquez) Tanger
Exposition du 29 mars- 29 avril 2013
Rencontre avec Franck Beroard
Franck Beroard exposera ses œuvres à Tanger à la Galerie Artingis jusqu’au 29 avril 2013. Nous l’avons rencontré pour essayer de mieux le connaître. Sa production, tout en conservant une grande unité, est composée d’huiles sur papier, de toiles et de galets peints qui sont autant de portes d’entrée dans son univers. A Tanger depuis fin 2007, ce n’est que récemment qu’il a décidé de dévoiler une partie de sa collection.
Franck Beroard, depuis quand peignez vous et pourquoi n’avez-vous jamais exposé jusqu’à présent ?
J’ai grandi dans un environnement artistique, mon père parallèlement à sa vie professionnelle a peint toute sa vie et je peins depuis mon adolescence mais c’est à partir des années 1975 que j’ai peint avec plus de régularité et que mon style s’est progressivement construit. La peinture a toujours été pour moi un moyen d’expression et de refuge face à une vie professionnelle intense et très prenante qui m’a donné l’occasion de beaucoup voyager. J’ai ainsi résidé 4 ans à Londres, 9 ans aux Antilles Françaises puis 10 ans à Marseille et depuis 5 ans j’ai eu la chance de venir dans ce pays attachant qu’est le Maroc et notamment dans cette ville si particulière qu’est Tanger. Tout au cours de ma carrière professionnelle, si j’ai eu des opportunités et des sollicitations pour exposer, je n’ai jamais voulu y donner suite afin de ne pas mélanger l’univers professionnel et l’univers personnel et surtout pour construire une collection suffisamment mature peinte pour mon plaisir et non pas comme un produit commercial.
Pourquoi maintenant ?
Cette exposition est le fruit d’une rencontre fortuite, avec mon épouse après avoir franchi le seuil de la galerie Artingis et admiré les œuvres exposées, nous avons discuté avec Bernard Liagre et Yann Tribes et un courant est passé. Je leur ai mentionné que je peignais aussi et leur ai envoyé quelques photos de galets peints. Ils ont tout de suite manifesté un grand enthousiasme qui a été communicatif, ils sont venus voir mes galets et mes peintures et c’est ainsi que cette aventure a commencé. Comme dans mes tableaux c’est le monde de l’irréel et du spontané.
Que cherchez vous à exprimer par vos tableaux ?
C’est la question qu’il ne faut pas poser à un peintre car la peinture est sans aucun doute un mode d’expression qui permet de faire passer ce que vous ne savez pas ou ne voulez pas exprimer autrement. Ma peinture est pour moi à la fois une évasion dans un monde imaginaire ou l’improbable est la normalité. C’est aussi le plaisir de l’harmonie des couleurs et des contrastes et le mystère de mes personnages.
Dans vos tableaux l’œil est un élément très présent, à quoi cela correspond il ? »
D’abord au plaisir du geste car dessiner un œil c’est avec un simple cercle et un simple ovale donner vie grâce au regard. C’est aussi un façon de renverser les rôles puisque dans cette exposition on peut penser que ce ne sont pas les visiteurs qui viennent voir mes tableaux mais sans doute mes tableaux qui grâce à ces yeux vont scruter et admirer les visiteurs qui vont défiler devant eux.
Quels sont les peintres qui vous ont inspiré ?
Je suis sensible à la couleur, à la simplicité et à la puissance des traits. De ce fait plutôt que d’inspiration directe je parlerais sans doute d’influences multiples allant de Chagall, Matisse ou Picasso mais sans oublier des peintres encore inconnus dont les œuvres me donnent parfois ce coup d’aiguillon pour peindre. D’ailleurs si je continue à peindre c’est que je voudrais qu’un tableau soit parfaitement réussi et j’espère toujours que ce sera le suivant.
Quels sont vos projets ?
Tout d’abord continuer à peindre et me lancer dans des toiles grand format. Ensuite accompagner mes œuvres dans différentes capitales artistiques pour faire la connaissance de nouveaux amateurs et faire connaître aussi l’œuvre de mon père.