Abdou Benattabou a créé le musée de l’âne à Tanger en 2012 au moment où le peuple des ânes commençait à décliner au Maroc. Les 24, 25, et 26 juin prochains, un nouveau lieu pour le « Donkey Museum of Tangier » va ouvrir ses portes officiellement au 49, rue de la Kasbah. Inauguration en partenariat avec les Galeries Kent et Conil qui présenteront des oeuvres inédites en lien avec l’âne…
Entre autre diplômé d’une école de Tourisme à Tanger, Abdou s’est interrogé sur les particularités du Maroc et de Tanger. L’âne a surgit dans sa pensée comme un animal emblématique du Royaume faisant partie intégrante de l’histoire, du folklore, des traditions et pour l’aide « partenariale » que cet animal apportait aux hommes et aux femmes de ce pays dans leur vie de tous les jours.
Parler de l’âne aujourd’hui et lui rendre hommage c’est aussi mettre l’accent sur la disparition progressive de cet animal qui fut un allié, une aide effective depuis des lustres: transport des personnes, des matériaux, des fruits de la terre pour aller au marché, pour se marier…
Pour Abdou, l’âne est aussi le prétexte et le porte parole des animaux en voie d’extinction comme la tortue ou la cigogne…
Le Maroc est encore le pays du Maghreb qui dispose du plus grand cheptel d’Afrique du Nord même s’il s’est beaucoup raréfié ces dix dernières années.
Cet animal est en voie d’extinction, remplacé par le moteur thermique et dévalorisé par une mauvaise symbolique qui assimile l’âne à la pauvreté, la précarité, la bêtise et l’insulte, notre cher « bonnet d’âne »…
Contrairement au cheval très domestiqué et asservi par l’homme, l’âne conserve un libre arbitre et une autonomie qui peuvent le faire percevoir comme un être têtu alors que cet animal est intelligent et facétieux. Il a beaucoup de mémoire, d’autonomie, de résistance. Sa capacité à repérer le danger (serpent, scorpion, instabilité d’un chemin), sa perception des situations en font un véritable allié et protecteur pour l’homme. Sa conscience de son état de fatigue peut l’inciter à ralentir la cadence ou s’arrêter pour être sûr d’arriver au but. L’âne est également capable de retourner seul à la maison ou d’effectuer un parcours particulier sans être accompagner par l’homme. Les trafiquants utilisent à merveille cette compétence de l’âne aussi surnommé « la mule » pour parler de celle ou celui qui transporte des objets de contrebande…
A Fès, l’âne reste le partenaire idéal d’une mobilité douce et traditionnelle dans les minuscules ruelles de la médina pour assurer le transport des marchandises, des bagages, des personnes et même des défunts… Le « Fondouk Américain « crée en 1929 pour recueillir et soigner les animaux de somme et surtout les ânes existent toujours. Aujourd’hui, pendant que les ânes sont soignés, le Fondouk Américain prête des ânes pour continuer à assurer le service de ceux qui les utilisent commercialement pour ne pas interrompre leur activité.
Malheureusement, de nos jours, un âne mort vaut plus qu’un âne vivant et les chinois partagent lourdement la responsabilité de cette extinction car ils consomment 5 millions de têtes par an de cet animal à des fins médicinales. Comme si l’on ne pouvait pas trouver une molécule de synthèse et se passer de la graisse de sa peau. Cette sur-consommation a contribué à la disparition des ânes au Kenya.
L’âne à son lot de symboliques de toutes sortes, pratique, sociale, sexuels… il est aussi l’emblème du parti Démocrate américain et un sujet d’activité intenses sur les plans littéraire, artistique et sociétal.
Sachez qu’aujourd’hui on peut acheter un âne au Maroc pour 600 DH mais faut-il encore s’en occuper, le nourrir, le soigner, l’aimer, lui offrir le gite et le couvert pour 30 ans. Ca fait réfléchir…
Le musée de l’âne est un espace culturel et éco-responsable dédié à cet animal emblématique du Maroc. À travers une collection d’œuvres artistiques, de revues et d’articles scientifiques ou littéraires, le musée tient à rendre hommage à ce compagnon qui fut l’un des plus grands partenaires de l’humanité tout au long de son évolution et ce en mettant l’accent sur l’importance de sa préservation.
Ce musée de l’âne créé par Abdou Benattabou, est petit par la taille, mais gigantesque par l’esprit. Abdou est un homme formidable, il a créé ce projet tout seul, sans soutien et accorde ses moindres deniers à embellir ce lieu qu’il fait visiter à la demande.
Le Musée de l’âne, c’est l’histoire humble & grandiose du Maroc.
Les 24, 25, 26 juin, trois jours de découverte du musée de l’âne avec la possibilité de se restaurer sur place avec l’Assiette Clandestine.
https://www.facebook.com/Donkey-museum-of-Tangier-334691083406800
Nouveau musée de l’âne.
49, rue de la Kasbah Tanger
https://donkeymuseum.com/
A propos de Abderrahim Benattabou.
Né en 1981, Khemissat, Maroc. Photographe et activiste écologique, vit et travaille à Tanger depuis 1999. Ayant vécu à Khémisset, Rabat et Ouarzazate, l’arrivée à Tanger à été l’occasion de découvrir une faune et une flore unique en son genre. Qu’il s’agisse des plantes, des fleurs et des arbres qu’il découvre tout le long de ses marches matinales ou des oiseaux migrateurs, qui passent par les zones humides, Tanger a été pour Abdou un émerveillement continu qu’il a immortalisé à travers des reportages photographiques.
Il a créé “Le musée de l’âne de Tanger”, un espace dédié à la relation entre humains et animaux, et lancé une campagne de sensibilisation, “SOS MALABATA BIRDS”, pour sauver un lieu de repos nécessaire pour les oiseaux migrateurs, situé à Malabata.
Abdou a également lancé une action citoyenne pour sauver le cimetière des animaux de Tanger, lieu symbolisant l’amour que certains portent pour leurs animaux de compagnie, un lieu unique en son genre dans le monde arabe et qui est malheureusement entrain d’être saccagé. Pour plus d’informations, vous pouvez regarder ce film sur Youtube: Rest Home.
En tant qu’artiste, il a proposé une installation “Le cirque des tortues”, pour playdoyer contre l’exploitation de la tortue à des fins récréatifs et décoratifs et lutter pour la liberté de ces animaux.
Il s’intéresse également aux fleurs de Tanger et surtout au fait que les nouvelles générations ne connaissent plus les noms des fleurs et des plantes qu’ils rencontrent. C’est ainsi qu’il a créé le projet “Promesses de soleil”, une recherche de ces noms perdus.
We r coming to create inspirations…