Dans « Les Vestiges du chaos », Christophe le Dandy « un peu maudit, un peu vieilli » publie avec superbe un album habité de femmes et de cinéma, d’où surgissent des voix, de Lou Reed à Alan Vega avec une chanson dédiée à Tanger: Tangerine…
Je tiens à vous informer qu’Alan Vega est malheureusement décédé le 16 juillet dernier. R.I.P cher Alan Vega…
Nous sommes heureux de vous offrir cette chanson: « Tangerine », cliquez sur le lien ci-dessous:
« Je suis le plus pur, Je vous rassure, Le plus embrasé » : Définitivement, l’ouverture du nouvel album de Christophe, « Les Vestiges du chaos » installe le décors. Avec au passage une musique née du hasard, de l’interférence entre un ampli et une ligne téléphonique. Et l’adresse directe d’ouvrir tous les possibles : « Je vous propose D’ouvrir des choses / Des choses avec moi / Sur de nouvelles voies ». Expérience nouvelle encore pour un public qui parfois l’écoute depuis 50 ans (Aline c’était en 1965, déjà).
Le dernier des Bevilacqua a choisit son nom à cause d’une médaille de Saint Christophe que lui avait donné sa grand-mère, parce qu’il prenait des risques sur la route. Il en prend toujours et publie un album dont le titre « Les Vestiges du chaos » inspiré par Jean-Michel Jarre (déjà parolier des Mots Bleus mais aussi des Paradis perdus) résonne comme une lecture de l’année 2015. Vestiges du chaos où l’on croise encore plusieurs femmes dont une certaine Stella Botox, « double opposé » dixit Christophe…
« Je ne crée par des mélodies, je cherche des sons » dit-il, attaché à une matière sonore qu’on devine façonnée, remise souvent sur le métier. Comme les paroles qu’il co-signe avec quelques collaborateurs habituels (J-M Jarre, Boris Bergman et Daniel Bélanger) mais surtout de nouvelles parolières comme Maud Nadal, Muriel Teodori, Claire Le Huern, Isabelle Prim, inspiratrices qui toutes viennent de champs différents : une guitariste, une psychanalyste, une écrivaine, une cinéaste, sans oublier une chanteuse, Laurie Darmon (qui co-signe notamment « Stella Botox »).
Et la clôture se fait avec la voix d’une actrice pour un poème d’adolescent à l’internat : « E Justo ». Ce n’est pas la première fois qu’on entend des voix chez le chanteur cinéphile : après Isabella Rosselini et Isabelle Adjani, c’est ici Anna Mouglalis et son timbre grave blessé qui précède un extrait de film italien. On entend surtout une autre voix dans ce nouvel album : celle Lou Reed, qui justement parle de cinéma et de performance dans « Lou ». Autre voix et performance encore celle d’Alan Vega « Tangerine », ou la rencontre entre Suicide et la passion du chanteur pour les lumières de Tanger. Hasard ou pas depuis des années c’est avec un des musiciens du groupe Tanger (Christophe Van Huffel) que collabore Christophe…
Matthieu Conquet
France Culture
A Propos d’Alan Vega
Alan Vega (de son vrai nom Boruch Alan Bermowitz), né le 23 juin 1938 à Brooklyn (New York), est le chanteur du duo électro/post-punk « Suicide ».
Après des études au Brooklyn College dont il sort diplômé en Art, il commence sa carrière comme artiste, avec une certaine notoriété acquise pour ses « sculptures de lumière ».
En 1971, il gère et vit dans une sorte de galerie d’art à Manhattan, où il commence à développer le Project of Living Artists (« Projet d’artistes vivants »), un projet pluri-artistique qui a pour but de monter des « happenings ». L’endroit est fréquenté par les New York Dolls, Television et Blondie, ainsi que l’ensemble de jazz Reverend B., au sein duquel Martin Rev joue du piano électrique.
Alan Vega et Martin Rev formeront bientôt le groupe « Suicide », dont la musique minimaliste et agressive — mélange des claviers répétitifs et inquiétants de Martin Rev et des cris et halètements rockabilly d’Alan Vega — ouvrira la voie pour les artistes de musique électronique à venir.
En 1980, chacun des membres entament aussi des carrières solos. Dans ses deux premiers albums (Alan Vega – 1980 et Collision Drive – 1981), Alan Vega continue à explorer la voie du Rockabilly fracturé. Saturn Strip sorti en 1983 et produit par un fan de longue date, Ric Ocasek, marque l’entrée d’Alan Vega chez Elektra Records. Mais ses relations avec le label s’enveniment pendant la production de Just a Million Dreams en 1985, au point que le label essaye d’évincer le chanteur de ses propres sessions d’enregistrement.
Écœuré de son incursion dans l’industrie musicale « commerciale », Alan Vega se retire un temps de la musique, préparant un retour. En 1990, il produit l’album Deuce Avenue avec sa compagne Liz Lamere. D’avant-garde et entièrement produit avec un échantillonneur, le son y est très urbain, industriel et dépouillé. Son « jumeau », Power on to Zero Hour, sort un an après et annonce avec brio l’ère du crossover. En mélangeant le hip-hop, l’electro, le metal le rockabilly et le bruit urbain, Alan Vega synthétise toutes ses influences modernes avec ce background Rockabilly qui devient sa signature vocale.
La fin des années 1990 et le début des années 2000 concrétisent son statut d’icône rock underground en le faisant, notamment, participer aux projets :
– du duo « Pan Sonic », projet VVV ;
– des jazzmen Alex Chilton et Behn Vaughn sous le nom de Cubist Blues ;
– du groupe « Étant donnés » (avec Marc Hurtado), dont la dernière collaboration, Sniper, est saluée par la critique.
En avril 2016, il chante « Tangerine » avec Christophe dans l’album: « Les vestiges du Chaos »
Intéressée, malgré mon grand âge !!