Cédric Abouchahla crée pour la première fois à Tanger un festival de Jazz OFF qui se déroulera du 20 au 23 septembre. Quelques questions pour mieux comprendre la genèse et l’ambition de ce nouvel événement musical.
Quelques questions flash à Cédric Abouchahla à propos de Off Tanjazz
D’où vient votre intérêt pour la musique et le jazz ?
« De la Soul et de la Funk. J’écoutais énormément de Black American Music et c’est tout naturellement qu’un peu à la manière d’un aventurier je voulais en savoir plus jusqu’à ce que je découvre Duke Ellington, Charlie Parker, Miles Davis puis un peu plus tard Lee Morgan Art Blakey, Monk, etc… »
Comment est né ce projet et depuis quand ? Je crois que vous êtes musicien ?
« Aussi loin que je me souvienne, c’est à un certain esprit du jazz et de la musique auquel je pense. La radio bien sûr, les clubs de jazz dans les films, les trompettistes musiciens nomades qui peuvent jouer partout mais aussi l’église protestante américaine avec leurs orchestres et leurs sections de cuivre. En France où mon père était pasteur, j’aimais regarder le pianiste à l’église. C’est d’ailleurs lui m’a appris le piano et m’a donné ma première trompette. Je me souviens aussi que je me cachais derrière la porte du salon de mon oncle et ma tante pendant qu’ils écoutaient Prince alors que j’étais censé dormir. »
Comment avez eu l’idée de ce Off Tanjazz ?
« Je voulais contribuer à l’organisation de Tanjazz et en améliorer la programmation que je trouve très répétitive d’année en année, sans tête d’affiche, présentant un aspect du jazz poussiéreux comme si le jazz était intouchable et défini alors que c’est précisément l’inverse : le jazz est un laboratoire vivant et en perpétuelle évolution. C’est Stéphanie, ma compagne qui a eu l’idée du OFF et je l’ai proposé ensuite à Philippe Lorin qui était plutôt enthousiaste. »
Comme il n’y a pas de Off sans In, quels sont les liens avec Tanjazz et Philippe Lorin?
« Je connais Philippe depuis quelques années. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai eu la chance de faire une scène avec Magic Tarbouch à Tanjazz en 2013. Je suis allé le voir et lui ai parlé de l’idée. Il était d’accord et m’a encouragé à la réaliser. »
Y a-t-il eu une collaboration avec Tanjazz pour le montage de cette manifestation?
« Philippe Lorin nous a mis en relation avec le groupe Circular Time qui a accepté de donner un concert pour cette première édition. Il nous a également fait une place dans son programme papier et sur le site internet de Tanjazz. Qu’il en soit ici encore remercié. »
Comment avez-vous procédé pour la programmation et pour choisir les différents lieux ?
« Je suis allé rencontrer les artistes un par un et les ai convaincus de faire partie de cette première édition sauf pour Circular Time auprès de qui Philippe Lorin m’a introduit. Cette année, il ne faut surtout pas manquer Myles Sanko jeudi soir ou encore Joel Holmes qui sont des joyaux de la scène contemporaine, si talentueux et tellement accessible tant par leur personnalité que par leur musique. Il y a aussi Jihane Bougrine, de l’amour infusé par sa voix suave. Ne manquez pas non plus le Duo italo-brésilien, Daniel Raimondi et Lucas Sandoval, qui présente un répertoire bossa-nova. Enfin Steve Shehan et Steeve Brudey nous enlèveront pour un voyage spirituel et poétique. »
C’est curieux que des concerts du Off se superposent avec des concerts Tanjazz, c’est un peu contre productif en terme de complémentarité ?
« Non, car un OFF justement c’est de proposer un autre circuit d’événement pendant l’événement principal et pour qu’il y ait complémentarité, encore faut-il qu’il y ait répartition des rôles et soutien mutuel. Pour monter un OFF à partir de rien, il faut des soutiens matériels et financiers sans parler des appuis institutionnels et d’un réseau important. J’avais proposé à Philippe Lorin de rencontrer avec lui les sponsors de Tanjazz pour leur proposer l’idée du OFF et ainsi réaliser une véritable collaboration. Philippe Lorin a décliné ma proposition.
Je suis donc allé chercher les sponsors un par un et le premier qui m’a dit oui c’est Raouf Benchedli (Directeur général du Hilton) que je remercie encore ici.
C’est donc assez naturellement que j’ai été poussé à organiser un OFF où j’étais libre quant à la programmation ; celle-ci ayant été réalisée en fonction de la disponibilité des artistes et d’autres contraintes inhérentes à l’organisation d’un tel événement. »
> Propos reccueillis par Paul Brichet
A propos de Cédric Abouchahla
Arrivé à Tanger en 2012, j’enseigne l’économie, la sociologie et la philosophie au lycée ainsi que dans le supérieur. Passionné de Jazz et trompettiste à mes heures perdues, je me lance cette année dans l’organisation d’un OFF qui a pour but de faire découvrir le jazz différemment. Car si la musique doit rester simple et accessible, elle doit surtout nous emporter, nous transporter au-delà de nous-mêmes. J’ai aussi à cœur d’inviter certains artistes en lesquels je crois, que je suis depuis un certain moment et dont la musique ne m’a pas laissé indemne.