Tanjazz est mort, vive Tanjazz…

Pour sa 22e édition Tanjazz se réinvente, mais comment ? Telle est la question que l’on peut se poser après la création originale de ce festival par Philippe Lorin il y a 22 ans et la reprise récente de Tanjazz par le casablancais Moulay Ahmed Alami.

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Ce festival fut créé à Tanger par un publicitaire et grand amateur de jazz, Philippe Lorin, avec les moyens du bord puis une sérieuse expansion sur 20 ans mais toujours bon enfant, centré sur le jazz et la découverte de talents. La reprise de Tanjazz par l’organisateur de spectacle Moulay Ahmed Alami (Jazzablanca, Casa Anfa Latina, Alif Casablanca, Tanjazz, By sevenpm) n’a rien à voir avec les motivations et les moyens d’origines.

Nous sommes passés d’un festival « amateur éclairé » d’hier à un festival pro d’aujourd’hui en recherche optimale de rentabilité, de diversités musicales et d’un public plus large.

Cette année l’identité du Festival a changé et révèle clairement les modalités de sa réinvention. Logo avec typo blanche sur fond bleu ou jaune, typo vibratoire succède à un logo classique en jaune et gris sur fond noir et sans ambiguïté sur le lien entre Tanger (Tanja) et le jazz. La nouvelle signature exprime aussi son évolution:  « Festival des jazz de Tanger ». Elle illustre la volonté de s’ouvrir à tous les styles de jazz voire à ratisser plus large. On dépasse le jazz classique pour aller à la fusion des styles et à la profusion des ressources… Du marketing spectacle d’aujourd’hui…

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Les toiles peintes sont remplacées par le néon et la vidéo, les scènes sont plus vastes, techniques et électroniques avec des grands écrans de retour, le public est debout sauf pour la zone VIP, qui a droit à s’asseoir, partenariat oblige, pour regarder le spectacle en sirotant des cocktails.
Comme pour prendre de la hauteur, un drone survole la foule et Tanger pour délivrer en temps réel des images inédites du spectacle et de la ville du Détroit.

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Grande scène BMCI au Palais des Institutions Italiennes
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Le drone survole la ville et la grande scène du Palais des Institutions Italiennes

L’offre restauration et boissons s’est développée pour soutenir le chiffre d’affaires à des prix qui frisent les bars parisiens avec des temps d’attente importants. Une boutique assure le merchandising du festival, les partenaires d’origine sont toujours présents avec une évolution vers les cigares, les boissons alcoolisées, le pétrole. Les bénévoles ont cédé la place à des pros, le Cashless a remplacé le liquide, le prix des billets a aussi quelque peu augmenté…

Une belle programmation.

Au Palais des arts et de la culture, le vendredi 19 septembre.

Omar Sosa et Majid Bekkas ont enchanté le public du Palais des arts et de la culture le vendredi soir. La fusion entre ces deux groupes exprime et confirme combien le lien jazzistique et la musique traditionnelle du Maroc est important et historique tissé et développé sous l’impulsion du célèbre pianiste américain Randy Weston venu à Tanger en 1972 pour jouer avec grands maîtres de Gnaoua marocains dont le maâlem Abdellah El Gourd, fondateur de Dar Gnaoua de Tanger.

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Omar Sosa et Majid Bekkas au Palais des arts et de la culture de Tanger

Beau plateau aussi au Palais des Institutions Italiennes les 20 et 21 septembre.

– Mulatu Astatke, légende de la musique éthiopienne et père de l’Ethiojazz.

Gipsy Kings et Nicolas Reye, groupe légendaire avec l’envoûtante rumba flamenca, éternel symbole indélébile de la culture gitane, qui est certes dansante, rassembleuse et agréable mais un peu plus loin du vrai jazz.

– Roberto Fonseca « La Gran Diversion », virtuose et ancien pianiste du Buena Vista Social Club a fait vibrer et danser le public de la grande scène BMCI.

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Roberto Fonseca « La Gran Diversion »

Keziah Jones. Sa musique, fusion audacieuse de blues, de funk et de rythmes africains est un cocktail enivrant de groove et de conscience sociale. Avec sa guitare magique et sa voix, Jones nous raconte des histoires d’identité, de culture et de lutte.

– Le très sympathique Nirek Mokar et ses boogy messengers sur la scène Volskwagen.

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Nirek Mokar et ses boogy messengers

Sans oublier les concerts gratuits très appréciés des tangérois sur la scène BMCI ville devant le port de Tanger avec Gnawa Express, la fanfare Lascar Volcano, Jubantouja, les afters de l’hôtel Rembrandt avec Daox, les concerts de Sougarpie à l’Hilton Al Houra…

Pour cette nouvelle édition, le public est là et bien là, les trois soirées de jeudi, vendredi et samedi ont fait le plein (on a refusé du monde) avec une belle adhésion du public, toujours joyeux, exubérant, en représentation ce qui tranche avec les grands festivals de jazz où les aficionados sont plus attentifs et passionnés. Ils viennent surtout pour la musique, le reste est plus accessoire.

C’est une réinvention dans l’air de son temps qui tranche avec le passé, avec le Tanger, du « c’était mieux avant »… Pour l’heure, réjouissons nous que cette belle initiative Tanjazz continue d’exister, évolue, se perpétue pour offrir encore longtemps du bonheur à Tanger et à ses publics.

Tanjazz est mort vive Tanjazz.

 

 

 

 

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