Défis et enjeux du tourisme social à Tanger

Un Forum sur le projet «Siwa & Tanger» s’est tenu dimanche dernier. Son objectif est de préserver et d’améliorer le patrimoine culturel local aussi bien au Maroc qu’en Égypte, dans une perspective de développement durable.


Le Forum sur le projet «Siwa & Tanger» qui a eu lieu dimanche dernier a abordé les enjeux du tourisme social et ses liens avec la culture et le patrimoine. M. Jean-Marc Mignon, le président de l’OITS (Organisation internationale du tourisme social), est arrivé au Maroc pour assister du 16 au 19 octobre au Congrès mondial du tourisme social à Essaouira. Il a donné un aperçu sur le concept du tourisme social et sur la nécessité d’un travail en réseau pour le promouvoir. «Il y a plus de 60 ans que le concept de tourisme social existe et il y aura 50 ans, en 2013, que notre organisation internationale a été fondée. Toutes les études récentes relèvent une évidence : le fait de pouvoir partir en vacances est une réalité bien inégalement répartie selon les pays et les classes sociales.

Mais même si le fait de partir en vacances n’est pas parmi les priorités vitales, il s’inscrit de plus en plus fortement dans l’aspiration à pouvoir vivre mieux, à bouger, à découvrir son pays (cité surtout parmi les jeunes) ou à découvrir le monde. Notre objectif, ajoute-t-il, est donc, face à ce constat récurrent, d’œuvrer pour augmenter ce taux de départ effectif en vacances, et tout particulièrement pour tous ceux qui en sont empêchés pour des raisons financières ou liés à un handicap quelconque. Il s’agit à nos yeux, d’un enjeu majeur, tout d’abord social, car il en va de l’équité et de la cohésion sociale… mais tout aussi économique, car plus de partants signifieraient des emplois créés et un développement accru des territoires. Quatre segments de population retiennent tout particulièrement notre attention : les jeunes, les seniors, les familles à revenus modestes et les personnes handicapées. Mais une seconde phrase est toute aussi importante, qui souligne que ce tourisme social “est rendu possible ou facilité par la combinaison de politiques et mesures sociales bien définies, et l’engagement des acteurs de la société civile.”

Quand nous disons tourisme social, nous ne voulons surtout pas dire “tourisme pour les pauvres” ou “tourisme du pauvre”, mais bien “tourisme pour tous”. Le travail en réseau, c’est évidemment l’objet même de notre Organisation internationale. L’OITS comprend désormais 3 catégories de membres de plein droit : les opérateurs du tourisme social qui gèrent les hébergements, les lieux de vacances, l’organisation de voyages, etc., les États et les autorités locales et régionales.

Ces trois collèges sont représentés au conseil d’administration, avec 2/3 des sièges pour les opérateurs et 1/3 pour les États et collectivités territoriales. Nous comptons également pas moins d’une quinzaine d’États et une trentaine de grandes collectivités territoriales, tous impliqués dans le tourisme social. Plusieurs de ces États sont parmi les principales destinations touristiques au monde : la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Mexique, la Turquie, ce qui démontre d’ailleurs de façon éclatante que non seulement le tourisme social n’est pas en contradiction avec le tourisme international, mais qu’au contraire, ils se complètent. Mais, en tout cas, notre présence au Maroc n’est pas anodine du tout, car nous avons vraiment la volonté de voir avec les acteurs locaux potentiels, qu’ils viennent du tourisme, de l’action sociale ou du monde universitaire, comment développer un vrai partenariat et une sensibilisation efficace aux enjeux du tourisme social.»

Debora Angeli, responsable de l’ONG Italienne COSPE, a fait un exposé sur le tourisme social dans la ville et les expériences du projet «Siwa & Tanger» : un patrimoine pour une vie meilleure, projet financé par l’Union européenne dans le cadre du Programme régional Euromed héritage IV. Elle a rappelé que l’objectif général de ce projet est de préserver et d’améliorer le patrimoine culturel local aussi bien au Maroc qu’en Égypte, dans une perspective de développement durable. Le défi de cette action est de «tirer profit» des principes de base de la durabilité, à savoir l’approche participative, l’appropriation de la part des communautés locales et la dissémination des connaissances. L’action vise aussi à promouvoir une meilleure connaissance et compréhension des atouts culturels locaux afin de mettre en place des outils de gestion pour une sauvegarde durable du patrimoine matériel et immatériel et des spécificités culturelles de Tanger et de Siwa.

Un site à visiter : http://www.siwatanger.com

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Questions à : Jean-Marc Mignon, président de l’OITS (Organisation internationale de tourisme social)

«Vous avez tous les atouts pour parvenir au tourisme social»

Qu’est-ce qui explique votre visite au Maroc ?
Le choix du Maroc a été dicté par la présence de tous les atouts pour la réussite de ce congrès chez vous. En outre, les responsables ont montré un grand intérêt pour savoir comment se développe le tourisme des nationaux. Nous avons vraiment la volonté de voir avec les acteurs locaux potentiels, qu’ils viennent du tourisme, de l’action sociale… ou du monde universitaire, comment développer un vrai partenariat et une sensibilisation efficace aux enjeux du tourisme social. Et vous avez tous les atouts pour faire de ce tourisme, un tourisme social c’est-à-dire en intégrant toutes les couches sociales y compris les handicapés. C’est ce qu’on souhaite, car les vacances et les voyages constituent des moments et des occasions privilégiés d’enrichissement des personnes.

Le Maroc est-il représenté au sein de votre organisation ?
L’OITS (Organisation internationale de tourisme social) est constituée d’opérateurs de tourisme social qui gèrent les hébergements, les lieux de vacances, l’organisation de voyages, des États, des autorités locales et régionales. Pour les États et les collectivités territoriales, tous impliqués dans ce tourisme, nous avons créé une section en Afrique il y a quelques années et nous avons une vingtaine de membres africains, mais qui traversent des périodes bien difficiles. La Tunisie a été longtemps membre et nous y avons aussi deux membres opérateurs, un en Algérie et l’autre au Maroc, et les autres se situent dans les pays d’Afrique de l’Ouest. C’est surtout pour développer notre action en Afrique que nous avons souhaité organiser notre congrès au Maroc.

Que visez-vous par le tourisme social ?
Le tourisme social vise donc à accroitre l’accès aux vacances des couches sociales aux revenus modestes ou insuffisants, ou présentant certaines caractéristiques pouvant restreindre leur accessibilité au tourisme (au premier rang desquelles les personnes handicapées).
Quatre segments de population retiennent tout particulièrement notre attention : les jeunes, les seniors, les familles à revenus modestes et les personnes handicapées. Le tourisme social ne veut pas dire «tourisme pour les pauvres» ou «tourisme du pauvre», mais bien «tourisme pour tous.» Je suis optimiste pour atteindre cet objectif.

Par Abdelmajid Ben Said, LE MATIN

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