Jacques Aupetit, résident habituel de Tanger nous livre sa vision de la situation dans la ville du Détroit lors de son récent voyage en période d’épidémie de Covid-19 pour venir soutenir le moral de sa maman, Aline, 87 ans.
Jacques Aupetit, architecte d’intérieur, professeur à l’institut Cread, (Ecole d’architecture intérieure et design à Lyon) et artiste dans l’âme vit entre Lyon, Tanger et Montréal. C’est en venant en vacances à Assilah que cet esthète est tombé sous le charme de Tanger il y a une quinzaine d’années, fasciné par ses couleurs et sa lumière. « C’est là, dit-il, que j’ai mieux compris Matisse et son engouement pour la ville du Détroit » .
En 2009, il recommande à ses parents Aline et Marcel de venir prendre leur retraite à Tanger. Son papa n’est malheureusement plus de ce monde mais Aline, 87 ans, coule des jours paisibles non loin du Grand Socco.
Amoureux d’architecture, de maisons et de décoration, Jacques vient d’acquérir sa troisième maison tangéroise dans le quartier de Marshan, « côté gauche du palais » précise t-il, avec de très beaux arbres mais avec beaucoup de travaux… Un nouveau chantier ne lui fait pas peur d’autant qu’il a le projet d’ouvrir prochainement une agence « Cap.D » au Maroc pour développer son activité d’architecture intérieure à Tanger où il a déjà de nombreux chantiers.
Retour à Tanger, dans une ville en pleine crise de Covid-19.
En tant que fils d’une résidente française âgée au Maroc il fut autorisé à voyager et à se rendre à Tanger auprès de sa maman, Aline, qu’il n’avait pas vue depuis le départ du confinement français en mars dernier.
Après une série de démarches et de contacts avec le Consulat du Maroc à Lyon et fraichement testé négatif (PCR et sérologique) Jacques s’embarque à Tanger par bateau au départ de Sète sur la compagnie Grandi Navi Veloci le 24 juillet.
Traversée tranquille de 38 heures sur un bateau essentiellement peuplé de familles marocaines qui sont à la fois impatientes et inquiètes de retrouver Tanger. Elles portent le masque et respectent la distanciation. Il débarque le 26 juillet au port de Tanger Med en fin d’après-midi.
Après un long passage à la douane portuaire, et quelques déboires administratifs il réussit à débarquer et rejoindre Tanger avec le précieux chauffeur de taxi, Mohamed Saïd.
Il découvre un Tanger curieusement calme et désert, une ville sans touriste étranger redevenue essentiellement marocaine, adieu le côté grouillant et cosmopolite. Des rues presque vides, une ville où règne une ambiance morose.
Seuls quelques commerces sont ouverts sur une plage horaire réduite, le masque est de rigueur, une nonchalance inquiétante règne, le Covid impose sa loi… Une ville quasi bloquée avec des déplacements très limités comme à Casablanca et Marrakech où le Covid gagne malheureusement du terrain.
Derniers chiffres Covid-19 au Maroc pour une population globale de 35 millions.
– Nombre total de cas : 46 313
– Guérisons : 31 576
– Décès : 743
Taux de mortalité de 1,6% (deux fois moins que la moyenne mondiale 3,5 %)Si le nombre de cas de Covid est en progression au Maroc le taux mortalité est plus faible qu’ailleurs.
Sans angoisse particulière Jacques demeure serein par rapport à sa présence au Maroc et respecte scrupuleusement des mesures de protection. Pas de cas de Covid autour de lui directement même si l’on déplore quelques contaminations et décès dans la médina. Les cas de contamination importants se concentrent surtout dans les principaux quartiers populaires de la ville.
Dans la première phase du confinement (du 20 mars à juin) la situation a été plutôt bien géré avec un respect général des consignes sanitaires : confinement, distanciation, port du masque…
Dans un second temps, lors du déconfinement de fin juin l’épidémie s’est redéveloppée via les lieux les plus peuplés où la distanciation est difficile : proximité dans les usines, les transports en commun et d’entreprise et la vie en famille… Ainsi la contamination est repartie de plus belle.
« Dans un pays comme le Maroc il vaut mieux essayer de limiter au maximum la contamination vu la faiblesse et le manque d’unités de soin… » note Jacques.
Sur un plan plus pratique…
Le Minzah, Le Mirage, Le Riad Mokhtar (dans la Medina) sont ouverts et accueillent une clientèle purement marocaine.
Nord Pinus, Tangérina, Dar Nour, le Salon Bleu sont fermés.
Depuis le premier déconfinement Casa de Italia, El Morocco Club, Oski’s, Tanja Marina Bay sont ouverts et accueillent un large public.
Très ennuyeux et frustrant pour un été en bordure d’atlantique et de méditerranée, toutes les plages entre Tanger et Assilah sont actuellement fermées. Seul bain à proximité de l’océan, le restaurant « La Piscine » et son très beau bassin. Le restaurant « L’Océan » est également ouvert mais pas son club de plage bien évidemment.
Sans difficultés mais avec de nombreux contrôles routiers Jacques a pu se rendre dans le Rif et à Akchour où les hôtels peuplés de marocains majoritairement affichaient complets.
Quadrature de la migration. Les Français et autres habitués de Tanger n’ont pas accès à la ville, les français résidant à Tanger ne peuvent pas quitter la ville fermée jusqu’au 10 septembre (sauf cas spéciaux), date du prochain point sur la situation.
D’après quelques rumeurs le Consulat de France à Tanger aurait eu pas mal de difficultés à gérer la situation en dehors du rapatriement réussi des camping-caristes français coincés dans le sud du Maroc.
Jacques a un retour pour Lyon prévu le 22 août sur Air Arabia qui avec la RAM sont les deux seules compagnies à desservir Tanger actuellement. Les autres compagnies comme Ryanair, Easyjet ne proposent aucun vol pour la cité du Détroit…
Hier encore sa majesté Mohammed VI exprimait son inquiétude face à la « multiplication exceptionnelle des cas d’infection » au nouveau coronavirus dans le royaume.
« A défaut d’un respect rigoureux et responsable des consignes sanitaires, le nombre de contaminations et de décès ira crescendo », a averti le monarque, soulignant que dès lors « les hôpitaux ne seraient plus en mesure de faire face à la pandémie ».
Souhaitons ardemment que la situation s’améliore en attendant le prochain point du 10 septembre.
Nous avons la confirmation que Jacques est bien arrivé à Lyon le 22 août au matin sur Air Arabia. « Parfait, fluide, aucun problème. Pas de contrôles particuliers… déclare t-il.
Paul Brichet