Après une année 2022 qui a confirmé la reprise du tourisme dans la région du Nord, l’optimisme est le maître-mot pour l’année 2023 qui commence. Surtout que la ville de Tanger accueille cette année le Mondial des Clubs, en février prochain. Un événement pour lequel le Conseil Régional du Tourisme (CRT) de Tanger-Tétouan-Al Hoceima prépare un un plan marketing spécial. Interview avec sa présidente, Rkia Alaoui.
Quel bilan tirez-vous de l’activité touristique de l’année 2022 ?
Une année qui se termine mieux que son commencement. Bien qu’on n’ait pas de retour aux performances de 2019, nous avons pu renouer avec une activité normale, sans restreinte de fermeture de frontières ni de couvre-feu. Le monde a trouvé le moyen de cohabiter avec le virus, grâce notamment à la vaccination et à l’amélioration de la prise en charge des cas. Après l’année 2020 du choc et l’année 2021 de résilience, l’année 2022 est celle du redémarrage de notre industrie, qui reprend sa place parmi les secteurs qui emploient le plus de Marocains, qui rapatrient le plus de devises et qui contribuent de façon significative à l’économie marocaine.
La reprise a-t-elle été au niveau de vos attentes ?
Tout à fait. Il faut dire que durant l’année 2021, un certain nombre de scénarios ont été dessinés par les acteurs gouvernementaux et par notre Confédération Nationale du Tourisme (CNT) afin d’être préparés à ce qu’on appelle l’après-Covid. Il était certain qu’en 2022, la destination Maroc en général n’allait pas récupérer le nombre de visiteurs accueillis pendant 2019, l’année de référence, qui s’élevaient à 13 millions. N’oublions pas que pendant les 3-4 premiers mois de l’année, nous étions toujours limités par les restrictions dues à la pandémie, et les frontières étaient fermées jusqu’à février 2022.
Qu’en est-il en ce qui concerne les recettes ?
La bonne nouvelle pour l’année 2022, c’est que les recettes du secteur vont dépasser celles de l’année 2019, pour atteindre, voire dépasser pour la première fois les 80 milliards de dirhams. Ceci est dû tout d’abord à cette envie de voyager qui n’a jamais été aussi forte, Marocains comme étrangers. Ensuite, cette tendance, qui a été remarquée dans plusieurs autres pays, peut être aussi expliquée par le fait que les touristes ont choisi de dépenser davantage en 2022. Ceci permettra à nos destinations d’améliorer leurs indicateurs de rendement, surtout qu’on a encore du chemin à faire pour arriver au niveau de destinations mondiales qui font trois fois, ou plus, nos revenus avec un même nombre égal de touristes.
Comment se dessine l’année 2023 ?
Nous sommes optimistes pour l’année à venir, mais toujours prudents. Nous n’oublierons pas la pandémie d’aussitôt, qui continue à freiner certains marchés de l’Asie, dont le plus important pour le Maroc est le marché chinois. De plus, le spectre d’une récession dans certains marchés exportateurs va commencer à peser dans l’esprit des consommateurs, et touchera éventuellement leurs poches. Ce qui fait que l’année 2023 ne sera certainement pas des plus faciles. Mais nous resterons résilients et vigilants.
Est-ce que le succès du Maroc à la Coupe du monde peut, selon vous, favoriser l’activité touristique au Maroc et dans la région TTA?
Certainement. L’impact sur la notoriété a été immédiat. Nous l’avons vu à travers les différents outils de veille à notre disposition. Cet impact se ressentira sur le terrain dans les mois et années à venir. Il faut le rappeler, une décision de voyage prend du temps pour se former et se confirmer. Ce que la Coupe du monde a permis, c’est de placer le Maroc dans le top-of-mind de millions de visiteurs potentiels. Et donc, quand le moment de décider de sa prochaine destination viendra, le Maroc sera une option pour davantage de personnes dans le monde. Et c’est là qu’on commencera à ressentir le plein impact de la participation du Maroc à la Coupe du Monde.
Tanger est sélectionné pour abriter le Mondial des Clubs. Comment vous y préparez-vous ? Sentez-vous d’ores et déjà un effet sur les réservations ?
Nous sommes ravis d’accueillir le Mondial des Clubs à Tanger. Le stade Ibn-Batouta, avec ses 65.000 places, son très grand parking pouvant accueillir plus de 7.000 voitures, est le lieu idéal pour une manifestation sportive d’une telle envergure. L’impact sur les réservations est pour l’instant minime. Le choix des villes vient d’être annoncé. Mais nous nous attendons à ce que la courbe aille en augmentation rapide dans les semaines à venir. Nous préparons effectivement un plan marketing spécial Mondial des Clubs. L’objectif ne sera pas de créer des campagnes pour inspirer ou convaincre les visiteurs de venir à Tanger, puisque la Coupe s’en occupera. L’objectif principal sera plutôt d’offrir à nos visiteurs la visibilité et les moyens nécessaires pour pouvoir profiter pleinement de leur expérience à Tanger et sa région. Rendre leur expérience parmi nous des plus agréables afin de les voir revenir et recommander nos destinations à leurs proches.
Quels sont les chantiers du secteur touristique sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous sommes en pleine préparation du salon «Connect» qui se tiendra à Tanger du 22 au 24 février 2023. Ce salon, l’un des plus importants dans le monde pour le développement de la connectivité aérienne, connaîtra la participation de diverses compagnies aériennes. Notre région a besoin de cette visibilité afin de booster sa notoriété auprès de ce public fort important. Sans connectivité, nous ne pouvons pas aller chercher de nouveaux marchés pour développer nos destinations. Parallèlement, nous travaillons sur la mise en place de nouveaux concepts de campagnes, au Maroc, comme à l’international, pour promouvoir les destinations du «Chamal». Des campagnes qui seront lancées à partir du mois de février et qui dureront jusqu’à septembre. Ces campagnes seront renforcées par la mise en place d’une nouvelle version de notre écosystème digital, toujours afin de mieux inspirer, aider à planifier et accompagner le visiteur tout au long de son parcours dans notre région. Nous travaillerons aussi sur la réalisation de nouveaux contenus, avec la production de notre nouveau podcast «Voix de Chamal», la création de nouvelles photothèques et vidéothèques, ainsi que la création de nouveaux contenus allant être utilisés dans les différents canaux promotionnels utilisés par le CRT et ses partenaires.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO